ONCLE ARCHIBALD
Paroles | Georges Brassens | |
Musique | Georges Brassens | |
Interprète | Georges Brassens | |
Année | 1956 |
Oncle Archibald (qui a fini par donner son nom au cinquième 33 tours de Brassens) forme sur cet album un diptyque avec Grand-père, un diptyque consacré à la mort. Celle-ci apparaît ici "Telle une femme de petite vertu" qui aguiche "les hommes / En troussant un peu plus haut qu'il n'est décent / Son suaire" et, surtout, comme la grande consolatrice des maux de l'humanité ("Si tu te couches dans mes bras, / Alors la vie te semblera plus facile. / Tu y seras hors de portée / Des chiens, des loups, des hommes / Et des imbéciles"), une idée déjà exprimée sur un mode plus léger dans Le testament ("J'aurai plus jamais mal aux dents").
LA MORT ET LE BÛCHERON
(Fables : Livre I ; Jean de La Fontaine ; 1668)
Un pauvre Bûcheron, tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé, marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
Enfin, n’en pouvant plus d’effort et de douleur,
Il met bas son fagot, il songe à son malheur,
Quel plaisir a-t-il eu depuis qu’il est au monde ?
En est-il un plus pauvre en la machine ronde ?
Point de pain quelquefois, et jamais de repos.
Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,
Le créancier et la corvée
Lui font d’un malheureux la peinture achevée.
Il appelle la Mort. Elle vient sans tarder,
Lui demander ce qu’il faut faire.
« C’est, dit-il, afin de m’aider
À recharger ce bois ; tu ne tarderas guère. »
Le trépas vient tout guérir ;
Mais ne bougeons d’où nous sommes :
Plutôt souffrir que mourir,
C’est la devise des hommes.