LE ROI BOITEUX
Paroles | Gustave Nadaud | |
Musique | Georges Brassens | |
Interprète | Georges Brassens | |
Année | 1979 (inédit 1983) |
Deuxième et dernier poème de Nadaud mis en chanson par Brassens (cf. Carcassonne) : dans le cadre médiévalisant cher au chanteur (cf. Le moyenâgeux), Le roi boiteux, dont le texte est à peine modifié, brocarde "Les gens de cour, espèce adroite" et constitue ainsi une sorte de contrepoint au Petit joueur de flûteau.
LE ROI BOITEUX
(Chansons populaires ; Gustave Nadaud ; 1867)
Un roi d’Espagne, ou bien de France,
Avait un cor, un cor au pied ;
C’était au pied gauche, je pense ;
Il boitait à faire pitié.
Les courtisans, espèce adroite,
S’appliquèrent à l’imiter ;
Et qui de gauche, qui de droite,
Ils apprirent tous à boiter.
On vit bientôt le bénéfice
Que cette mode rapportait ;
Et, de l’antichambre à l’office,
Tout le monde boitait, boitait.
Un jour, un seigneur de province,
Oubliant son nouveau métier,
Vint à passer devant le prince,
Ferme et droit comme un peuplier.
Tout le monde se mit à rire,
Excepté le roi, qui, tout bas,
Murmura : « Monsieur, qu’est-ce à dire ?
Je crois que vous ne boitez pas ?
- Sire, quelle erreur est la vôtre !
Je suis criblé de cors ; voyez :
Si je marche plus droit qu’un autre,
C’est que je boite des deux pieds. »