LE PETIT CHEVAL
Paroles | Paul Fort | |
Musique | Georges Brassens | |
Interprète | Georges Brassens | |
Année | 1952 |
Le petit cheval est le premier des vingt-deux poèmes que Brassens a mis en chanson, et donc aussi le premier de ses cinq emprunts à Paul Fort, le poète dans l'œuvre duquel il a le plus puisé pour constituer cette part importante de son répertoire. Brassens emploie d'emblée la méthode qu'il appliquera presque toujours dans ce domaine en modifiant plus ou moins profondément le texte du poème (ex.changement du titre, répétition systématique de la seconde partie de chaque strophe). Le sujet dont Paul Fort traite dans Complainte du petit cheval blanc avait quant à lui tout pour retenir l'attention de Brassens : il s'agit en effet d'une allégorie de l'homme de peine que la misère voue à un labeur incessant au service des autres mais qui accomplit sa tâche sans jamais songer à se plaindre, et encore moins à se révolter, un thème qui revient souvent dans les premiers temps du chanteur (ex.Pauvre Martin, Le fossoyeur).
COMPLAINTE DU PETIT CHEVAL BLANC
(Ballades françaises et chroniques de France ; Paul Fort ; 1909)
Le petit cheval dans le mauvais temps, qu'il avait donc du courage ! C'était un petit cheval blanc, tous derrière et lui devant.
Il n'y avait jamais de beau temps dans ce pauvre paysage. Il n'y avait jamais de printemps, ni derrière ni devant.
Mais toujours il était content, menant les gars du village, à travers la pluie noire des champs; tous derrière et lui devant.
Sa voiture allait poursuivant sa belle petite queue sauvage. C'est alors qu'il était content, eux derrière et lui devant.
Mais un jour, dans le mauvais temps, un jour qu'il était si sage, il est mort par un éclair blanc, tous derrière et lui devant.
Il est mort sans voir le beau temps, qu'il avait donc du courage ! Il est mort sans voir le printemps ni derrière ni devant.