LA MESSE AU PENDU

Paroles Georges Brassens
Musique Georges Brassens
Interprète Georges Brassens
Année 1976

Si Brassens demeure un "Anticlérical fanatique, / Gros mangeur d'ecclésiastiques" dans la tradition de Villon, mais aussi de la  IIIè République triomphante (celle de la Belle Epoque), le quatorzième et dernier 33 tours (Trompe la mort) réhabilite in extremis deux personnages de curés, dans un couplet de Don Juan d'abord, puis, de façon plus marquée puisque toute la chanson est consacrée au sujet, dans La messe au pendu.

LE MÉCRÉANT REPENTI
(paroles de Georges Brassens ; années 1970 ?)

Ne vous fiez plus à ma glotte
Pour crier "À bas la calotte !"
Me voici réduit à néant,
Chantait un pauvre mécréant.

Et sauf en cas de restriction
De pénurie, d'inanition,
Je ne boufferai plus du curé
Qui fut mon menu préféré.

Parce qu'un enfant de putain
De moine, foutu calotin,
M'a quasiment sauvé la vie
Certain jour que le diable fit.

Certain jour que j'étais entré
Dans l'antre de ce tonsuré,
Pour faire main basse dessus
Le tronc qui me semblait cossu.

Armé d'un petit bout de bois
Soigneusement enduit de poix
Je pêchais petit à petit
Le contenu du tronc susdit.

J'avais déjà pris tout un tas
De fausses pièces - ah ! les Judas !
Et des douzaines de boutons
De culottes - ah ! les faux-jetons !

Hélas ! une enfant de Marie
Salope qui m'avait surpris
Ameuta le corps tout entier
Des grenouilles de bénitier.

Les bigotes et les bigots,
Préparant déjà les fagots,
Sans rémission voulaient me faire
Descendre avant terme aux enfers.

En entendant tout ce bordel,
Le curé sautant de l'autel
Accourut me sauver la mise
Qui semblait un peu compromise.

Il a dit : "Que Dieu lui pardonne,
Ce qu'il a pris, je le lui donne.
Et puisqu'il est pauvre, il s'ensuit
Que le tronc des pauvres est à lui."

Et cela dit, ce ratichon,
Ce satané fils de cochon,
Retourna boire avec délice
Ce qui restait dans son calice.

Et depuis ces péripéties,
Moi qui suis athée, Dieu merci !
Je vais parfois ouïr un bout
De la messe à ce marabout.

Il faudrait voir ce petit air
Quand, entre le Pater Noster
Et le Je vous salue Marie,
D'un œil complice, il me sourit.

Quand il fait un signe de croix,
Il me l'adresse et, de surcroît,
Quand son goupillon lance l'eau
Bénite, il me vise, salaud !

Ne vous fiez plus à ma glotte
Pour crier "A bas la calotte !"
Quand un corbeau vient à passer,
On ne m'entend plus croasser.

Ne vous fiez plus à ma glotte
Pour crier "A bas la calotte !"
Me voici réduit à néant,
Chantait un pauvre mécréant.

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