LA BALLADE DES GENS QUI SONT NÉS QUELQUE PART

Paroles Georges Brassens
Musique Georges Brassens
Interprète Georges Brassens
Année 1972

Brassens amalgame l'esprit de clocher, le nationalisme et le militarisme pour un pamphlet contre "La race des chauvins", un pamphlet qui pousse la férocité jusqu'à l'argument théologique : "Mon Dieu, qu'il ferait bon sur la terre des hommes / (...) / Si vous n'aviez tiré du néant ces jobards, / Preuve, peut-être bien, de votre inexistence".

LE FIDÈLE ABSOLU
(paroles de Georges Brassens ; date inconnue)

Le seul arbre qu'il connaissait
Sous sa fenêtre florissait.
C'était le rustique absolu,
L'homme d'un seul jardin, pas plus.

Et les globe-trotters,
Et les explorateurs,
Coureurs de forêts vierges,
Regardaient, étonnés,
Ce bonhomme enchaîné
À sa tige d'asperge.

Bonhomme sais-tu pas
Qu'il existe là-bas
Des forêts luxuriantes,
Des forêts de Bondy,
Des forêts de Gasti-
ne et de Brocéliande ?

Et l'homme répondit :
"Je le sais bien, pardi,
Mais le diable m'emporte
Si je m'en vais chercher
Au diable ce que j'ai
Juste devant ma porte."

Je n'ai vu qu'un seul arbre, un seul, mais je l'ai vu,
Et je connais par cœur sa ramure touffue,
Et ce tout petit bout de branche me suffit :
Pour connaître une feuille, il faut toute une vie.
Si l'envie vous prenait de vous pendre haut et court,
Soyez gentil, ne vous pendez pas à mon arbre !

Il n'avait jamais voyagé
Plus loin que l'ombre du clocher.
C'était l'autochtone absolu,
L'homme d'un seul pays, pas plus.

Et les globe-trotters,
Et les explorateurs,
Tous les gens du voyage,
Regardaient étonnés
Cet bonhomme cantonné
Dans son petit village.

Bonhomme sais-tu pas
Qu'il existe là-bas,
Derrière tes montagnes,
Des pays merveilleux,
Des pays fabuleux,
Des pays de cocagne ?

Et l'homme répondit :
"Je le sais bien, pardi,
Mais le diable m'emporte
Si je m'en vais chercher
Au diable ce que j'ai
Juste devant ma porte."

Je n'ai vu qu'un village, un seul, mais je l'ai vu,
Et ses quatre maisons ont su combler ma vue,
Et ce tout petit bout de monde me suffit :
Pour connaître une rue, il faut toute une vie.
Si l'envie vous prenait de tirer le canon,
Soyez gentil, ne tirez pas sur mon village !

Il n'avait jamais embrassé
Personne que sa fiancée.
C'était le fidèle absolu,
L'homme d'un seul amour pas plus.

Et les globe-trotters,
Et les explorateurs,
Friands de bagatelle,
Regardaient étonnés
Ce bonhomme enchaîné
À son bout de dentelle.

Bonhomme sais-tu pas
Qu'il existe là-bas,
Des beautés par séquelles,
Et qu'on peut sans ennui
Connaître mille nuits
De noces avec elles ?

Et l'homme répondit :
"Je le sais bien, pardi,
Mais le diable m'emporte
Si je m'en vais chercher
Loin d'ici ce que j'ai
Juste devant ma porte."

Je n'ai vu qu'un amour, un seul, mais je l'ai vu,
Et ce grain de beauté a su combler ma vue.
Et ce tout petit bout de Vénus me suffit :
Pour connaître une femme, il faut toute une vie.
Si l'envie vous prenait de courir les jupons,
Soyez gentil, ne courez pas après ma belle !

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