CARCASSONNE

Paroles Gustave Nadaud
Musique Georges Brassens
Interprète Georges Brassens
Année 1979 (inédit 1983)

Premier des quatre poèmes (deux de Nadaud et deux de Musset) chantés à la radio en 1979 et publiés pour la première fois en 1983 sur l’album posthume Brassens chante Bruant, Colpi, Musset, Nadaud, Norge. Brassens, qui avait déjà parodié Carcassonne dans son roman La Tour des miracles (1954), modifie, comme presque toujours, le texte d'origine, supprimant notamment une des strophes, et réutilise pour l'occasion la musique du Nombril des femmes d’agent.

CARCASSONNE
(Chansons ; Gustave Nadaud ; 1867)

« Je me fais vieux, j’ai soixante ans,
J’ai travaillé toute ma vie,
Sans avoir, durant tout ce temps.
Pu satisfaire mon envie.
Je vois bien qu’il n’est ici-bas
De bonheur complet pour personne.
Mon vœu ne s’accomplira pas :
Je n’ai jamais vu Carcassonne !

« On voit la ville de là-haut,
Derrière les montagnes bleues ;
Mais, pour y parvenir, il faut,
Il faut faire cinq grandes lieues ;
En faire autant pour revenir !
Ah ! si la vendange était bonne !
Le raisin ne veut pas jaunir :
Je ne verrai pas Carcassonne !

« On dit qu’on y voit tous les jours,
Ni plus ni moins que les dimanches,
Des gens s’en aller sur le cours,
En habits neufs, en robes blanches.
On dit qu’on y voit des châteaux
Grands comme ceux de Babylone,
Un évêque et deux généraux !
Je ne connais pas Carcassonne !

« Le vicaire a cent fois raison :
C’est des imprudents que nous sommes.
Il disait dans son oraison
Que l’ambition perd les hommes.
Si je pouvais trouver pourtant
Deux jours sur la fin de l’automne…
Mon Dieu ! que je mourrais content
Après avoir vu Carcassonne !

« Mon Dieu ! mon Dieu ! pardonnez-moi
Si ma prière vous offense ;
On voit toujours plus haut que soi,
En vieillesse comme en enfance.
Ma femme, avec mon fils Aignan,
A voyagé jusqu’à Narbonne ;
Mon filleul a vu Perpignan,
Et je n’ai pas vu Carcassonne ! »

Ainsi chantait, près de Limoux,
Un paysan courbé par l’âge.
Je lui dis : « Ami, levez-vous ;
Nous allons faire le voyage. »
Nous partîmes le lendemain ;
Mais (que le bon Dieu lui pardonne !)
Il mourut à moitié chemin :
Il n’a jamais vu Carcassonne !

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