BALLADE DES DAMES DU TEMPS JADIS

Paroles François Villon
Musique Georges Brassens
Interprète Georges Brassens
Année 1954

Le romantisme a fait de Villon l'archétype du poète maudit, bon vivant, inlassable détrousseur de jupons, voleur et meurtrier, chantre des marginaux et grand pourfendeur des autorités, des bourgeois et des clercs trop bien nourris. La vénération de Brassens pour Villon repose sur cette image légendaire qui lui permet de se projeter dans le Moyen Age de ses fantasmes (cf. Le moyenâgeux). Cette vénération est telle qu’il en pousse l’audace à mettre en chanson la Ballade des dames du temps jadis dans sa version d’origine, quasiment au mot près, et non dans une traduction en français moderne. Si bien des mots nous échappent aujourd'hui et si bien peu de ces "dames du temps jadis" survivent encore dans les mémoires ("Jehanne la bonne Lorraine" à coup sûr, "la très sage Héloïs" et "Berte au grant pié" peut-être) la signification de ces vers désormais mystérieux ne nous échappe pas non plus : ils disent la mélancolie du poète devant le temps qui passe et qui fait disparaître ce qu'il aimait, à commencer par les femmes, dont les corps autrefois enchanteurs ne sont plus que cendre et poussière.

BALLADE DES DAMES DU TEMPS JADIS
(Le testament ; François Villon ; 1461)

Dites moi où, n'en quel pays
Est Flora, la belle Romaine,
Archipiades ne Thaïs,
Qui fut sa cousine germaine ;
Écho, parlant quand bruit on mène
Dessus rivière ou sur étang,
Qui beauté ot trop plus qu'humaine.
Mais où sont les neiges d'antan ?

Où est la très sage Heloïs
Pour qui chastré fut et puis moyne
Pierre Esbaillart a Saint Denis ?
Pour son amour ot cette essoine.
Semblablement, où est la royne
Qui commanda que Buridan
Fût jeté en un sac en Seine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?

La royne Blanche comme lis
Qui chantoit a voix de seraine,
Berte au grant pié, Bietris, Alis,
Haremburgis qui tint le Maine,
Et Jehanne la bonne Lorraine,
Qu'Anglois brûlèrent à Rouen,
Où sont-ils, Vierge souveraine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?

Princes, n'enquerrez de semaine
Où elles sont, ne de cet an,
Qu'à ce refrain ne vous remaine :
Mais où sont les neiges d'antan ?

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