AUPRÈS DE MON ARBRE
Paroles | Georges Brassens | |
Musique | Georges Brassens | |
Interprète | Georges Brassens | |
Année | 1956 |
Après s'être d'abord présenté comme un anarchiste toujours prêt à en découdre avec les bien-pensants (cf. le triptyque La mauvaise réputation / Le mauvais sujet repenti / La mauvaise herbe), Brassens change radicalement de ton et de peau : Auprès de mon arbre est son premier autoportrait en "père tranquille" de la chanson, pétri d'humanisme et de sagesse, une image qui finira par l'emporter auprès du public, même si la précédente lui fournira encore le sujet de bien des chefs d'œuvre. Auprès de mon arbre le voit ainsi exprimer ses regrets d'avoir abandonné les plaisirs simples du temps où il vivait dans la misère pour une existence plus confortable qui ne le satisfait pas. Cette nostalgie nouvelle n'est d'ailleurs pas vraiment pour surprendre : Brave Margot et Les sabots d'Hélène, entre autres exemples, traduisaient déjà un certain penchant pour le bon vieux temps.
HEUREUX QUI, COMME ULYSSE
(Les Regrets ; Joachim Du Bellay ; 1558)
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage ;
Ou comme celui-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux :
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine,
Plus mon Loire Gaulois que le Tibre Latin,
Plus mon petit Liré que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la douceur Angevine.