QUAND UN FACTEUR S'ENVOLE

Paroles Charles Trenet
Musique Charles Trenet
Interprète Charles Trenet
Année 1943

Si l'on veut repérer à tout prix les bornes qui délimitent les différentes époques dans l'œuvre de Trenet, Quand un facteur s'envole est sans doute celle qui marque la fin de la période Fou chantant. Reprenant un passage de Y'a d'la joie ("On voit le facteur qui s'envole là-bas / Comme un ange bleu / Portant ses lettres au bon Dieu"), l'auteur développe en effet cette vision dans une "chanson folle" où l'amour donne si bien des ailes à un facteur qu'il s'envole, "léger", pour chanter avec "les oiseaux à la ronde" et finir par emporter "Sa fiancée toute rose / (...) dans son paradis". "Le monde petit" devient "bleu" par le verbe enchanté de Trenet, mais certains mots laissent pantois de tant d'inconscience en pleine Occupation : "Autant d'oiseaux au monde / Autant de lettres d'amour".

LA DÉLATION SOUS L'OCCUPATION
(L'Histoire n°345 ; Olivier Wieviorka ; septembre 2009)

Des lettres anonymes envoyées par de viles « petites gens » pour dénoncer leur voisin de palier juif... Les idées reçues sur la délation durant l'Occupation abondent.

« La dénonciation est un devoir républicain », affirmait en février dernier Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP. Depuis quelques années, la dénonciation des criminels est encouragée par le droit français. Acte civique, cette pratique serait bien distincte de la délation, intéressée, anonyme et calomnieuse. Reste que les frontières sont floues et les Français allergiques à ce qui est associé dans la mémoire collective à l'Occupation et au régime de Vichy. En effet, les Années sombres constituent l'âge d'or de ce phénomène où pour la première fois la délation fut massive, encouragée et rétribuée. Mais qui étaient les délateurs ? Quelles étaient leurs motivations ? Un grand colloque, organisé par l'historien Laurent Joly, s'est tenu en novembre 2008 au mémorial de Caen sur ce thème. Olivier Wieviorka nous en rapporte ici les principales conclusions.

L'image de Français serviles s'adonnant aux poisons et délices de la délation durant les Années sombres s'est longtemps imposée. Elle a pu, au demeurant, se prévaloir de glorieux patronages. Ainsi, le célèbre film de Henri Georges Clouzot, Le Corbeau, projeté sur les écrans en 1943, semble à lui seul résumer la France de l'Occupation. Saint-Robin, modeste ville de province en proie aux démons d'un dénonciateur anonyme, ne symbolise-t-elle pas, en réduction, le destin du pays tout entier ?

A cette fiction peu flatteuse s'ajoutent de graves accusations. En 1983, le journaliste André Halimi affirmait par exemple dans La Délation sous l'Occupation (éd. Alain Moreau) que de 3 à 5 millions de lettres de délation parvinrent, entre 1940 et 1944, aux services allemands ou français, accréditant l'image délétère d'un peuple délateur et antisémite. Et pourtant... 75 % des Juifs vivant dans l'Hexagone en 1939 échappèrent, grâce aux Justes notamment, au sort que leur promettait le régime nazi ; la connivence des populations locales sauva bien des maquis ; et le silence complice des Français favorisa le développement puis l'enracinement de la Résistance.

Sur un autre plan, la délation, loin de représenter une exception nationale, a caractérisé bien des États, avant et pendant la guerre, comme le suggèrent les exemples de l'Italie fasciste, de l'Allemagne nazie, de l'Union soviétique stalinienne, mais également de la Belgique sous la botte. Rares, donc, furent les pays que ce fléau épargna, ce qui incite à se défier des stéréotypes masochistes qui ont longtemps régi les représentations d'un phénomène considéré - bien à tort - comme une spécialité hexagonale.

Les lieux communs ont, il est vrai, prospéré sur le terreau de notre ignorance. Si le phénomène a, depuis une vingtaine d'années, incité les historiens à se pencher sur les cas allemand et soviétique, la France n'avait jusqu'à présent guère retenu leur attention. C'est dire que les pistes prometteuses ouvertes lors d'un récent colloque tenu au mémorial de Caen devraient stimuler une recherche jusqu'à présent atone.

La définition même du phénomène pose problème. Juristes et historiens tendent en effet à distinguer la dénonciation, devoir légal incombant par exemple à un fonctionnaire ayant eu connaissance d'un crime ou d'un délit, de la délation, motivée, elle, par des motifs personnels de lucre ou de vengeance que l'État ne saurait accepter. Ce subtil distinguo fut utilisé par le IIIe Reich : dans un cas, le civisme du citoyen confortait la communauté du peuple menacée par d'invisibles ennemis ; dans le second, elle la faisait éclater, minant, pour les raisons les plus basses, la cohésion de la société.

En pratique, pourtant, cette discrimination entre délation « intéressée » et dénonciation « civique » a peu joué durant l'Occupation. « Si les fausses dénonciations ou les dénonciations exagérées sont combattues et sanctionnées, dans la pratique, la Gestapo ne se pose pas la question des motivations du dénonciateur - idéalisme ou intérêt personnel - tant que les crimes portés à son attention reposent sur des éléments de vérité» (1) Juridiquement fondée, la distinction a donc eu peu d'effets, les régimes recourant à cette arme uniquement quand elle contribuait à renforcer leur pouvoir.

COMBIEN DE LETTRES ENVOYÉES ?

C'est dire que la délation n'est pas, au rebours d'une légende tenace, le privilège des États totalitaires. Elle s'inscrit au contraire dans une histoire très ancienne, les exemples des sycophantes de la cité athénienne - des accusateurs professionnels auxquels revenait une partie de l'amende en cas de condamnation de l'accusé -, des confidents informant, à Venise, le Conseil des Dix, ou des révolutionnaires indiquant les prêtres réfractaires le confirment.

A la Libération, le gouvernement provisoire de la République française ne mit d'ailleurs pas un terme à ces pratiques. Certes, certains s'y opposèrent. Ainsi Yves Farge, commissaire de la République de la région rhodanienne, exigea que les lettres soient signées afin de décourager les éventuels délateurs et endiguer un phénomène jugé préoccupant (2). En revanche, le nouveau pouvoir obligea les Alsaciens à remplir des formulaires détaillant leurs activités entre 1940 et 1945, que tous les habitants pouvaient consulter et, le cas échéant, compléter, ouvrant ainsi « la voie à la dénonciation et à la délation que les autorités de 1945 concevaient comme un acte citoyen » (3). Ni l'occupant allemand, ni le régime vichyste n'eurent, en d'autres termes, le monopole de cette pratique - même si la délation connut sans doute son âge d'or durant les Années sombres.

Le phénomène, pourtant, reste difficile à quantifier. Certaines informations, tout d'abord, parvinrent aux services répressifs par oral - entretiens ou coups de téléphone -, laissant rarement de traces dans les archives. Les lettres, quand elles ne furent pas détruites, furent souvent ventilées dans les dossiers individuels, rendant leur repérage difficile, ce qui complique la tâche de l'historien. Malgré ces obstacles, on peut cependant affirmer que la délation fut bien, durant les Années sombres, une réalité massive qui a concerné des dizaines de milliers de personnes.

En s'appuyant sur les procès intentés par les tribunaux à la Libération, Julie Chassin, (université de Caen), dont les recherches portent sur la Normandie, dénombre 1302 délateurs dans le Calvados soit quelque 0,3 % de la population (4). Marc Bergère (université Rennes-II) précise lui que ce type d'affaires représente 53 % des cas portés devant les tribunaux du Maine-et-Loire : sur 311 individus déférés devant la cour de justice, 176 le furent pour au moins un acte de délation (5). Ces chiffres élevés ne sont pas, précisons-le, l'apanage de la France puisqu'en Belgique 12 899 personnes (soit 1,55 % de la population du royaume) furent condamnées sous ce chef à la Libération (6).

POURQUOI DÉNONCE-T-ON ?

Les motivations des délateurs sont évidemment complexes. Les mobiles personnels jouent un rôle essentiel. De fait, le délateur escompte bien souvent obtenir un profit matériel de son geste qui est rarement un acte gratuit. Patrice Arnaud (université de Caen) a étudié le cas des informateurs français de la Gestapo en Allemagne. Dans l'espoir de sortir de prison quand ils ont eu maille à partir avec la justice allemande, d'échapper à un travail manuel pénible ou pour arrondir des fins de mois difficiles, certains travailleurs français acceptent de renseigner la Gestapo sur leurs pairs qui parfois sabotent la production ou transgressent les règlements (7). L'activité, il est vrai, peut se révéler lucrative. Un secrétaire du STO de Niort offre ainsi 500 francs par réfractaire dénoncé, montant qui s'élève à 1 000 francs - un quotidien vaut 1 franc - par communiste (8).

En France occupée, la dénonciation permet d'éliminer à bon compte des personnes gênantes. En Haute-Saône, le fils d'une agricultrice est dénoncé parce qu'il se dérobe au STO, dans l'espoir que la fermière, seule, ne puisse gérer son exploitation et la vende à vil prix. Des pêcheurs d'Ouistreham, en Normandie, en dénoncent d'autres pour trafic d'essence. Des médecins dénoncent des confrères juifs qui se livrent à l'exercice désormais interdit de la médecine. Et l'on voit des épouses trahir un mari prisonnier de guerre évadé, afin de poursuivre une idylle entamée durant sa captivité.

La délation a même pu constituer un moyen particulièrement efficace pour empêcher un mariage indésirable. Le docteur Hubert Jausion, chef de service à l'hôpital franco-musulman de Bobigny, alerte ainsi le commissariat général aux Questions juives pour empêcher que son fils Jean ne convole avec Annette Zelman. Cette dernière, arrêtée le 23 mai 1942, ne reviendra pas d'Auschwitz (9). Mais il arrive aussi que l'accusateur passe à l'acte sans intérêt personnel, simplement parce qu'il s'estime victime d'une injustice. Tel se plaint que le fils d'un ex-sénateur de l'Ain ait bénéficié d'un passe-droit alors que son propre fils a été obligé de partir en Allemagne ; tel autre alerte les services compétents pour signaler qu'un commerçant se livre au marché noir.

Mais les motivations idéologiques se mêlent bien souvent à ces mobiles matériels, au premier rang desquelles l'antisémitisme. Laurent Joly qui a dépouillé les archives du commissariat général aux Questions juives, sans doute la principale instance d'accueil des lettres de dénonciation antisémite sous l'Occupation, estime ainsi qu'au moins 20 000 lettres lui furent adressées. Parmi elles, celle d'un diplomate qui alerte ainsi le député de l'Ardèche, Gaston Riou, pour éliminer un bibliothécaire juif : « Ne pourriez-vous pas renvoyer ce malfaiteur dangereux Juif dans un camp ? Il est polonais. Vous rendrez service aussi bien à l'Académie qu'à votre pays. » (10)

La dénonciation des Juifs occupe bien sûr une place à part dans l'histoire de l'Occupation. Les Juifs ne sont cependant pas les seules victimes d'une vindicte qui frappe également les étrangers que leur seul état civil rend particulièrement vulnérables dans un régime policier. Un peu différent est le cas des communistes, des socialistes, des gaullistes ou des résistants, considérés, eux, en dehors même de toute action délictueuse, comme des ennemis du régime.

Nombre de dénonciations visent ainsi des individus qui critiquent ouvertement le régime vichyste ou son chef. Un jeune homme est poursuivi pour avoir, dans un cinéma, clamé « Vive de Gaulle, à bas le traîneur de sabre ! » en mars 1941 ; un autre est déféré devant les tribunaux pour avoir affirmé que « celui qui descendrait le Maréchal ne ferait que son devoir... Pétain, Darlan et son gouvernement ne sont après tout que la bande à Mandrin, les chefs des Cagoulards qui ont mis le pays dans la panade et qui voudraient faire condamner des innocents » (11).

On peut, certes, quantifier ce partage des eaux, en précisant que la vengeance suscite, dans le Maine-et-Loire, 38 % des délations réprimées, ce chiffre s'élevant à 60 % dans le Calvados. Mais la frontière séparant motivations individuelles et mobiles politiques apparaît relativement poreuse. Si le délateur cherche le plus souvent à satisfaire un intérêt personnel, il s'appuie en général, en les intériorisant, sur les normes idéologiques vichystes ou nazies, signe que les principes de l'ordre nouveau ne sont en aucun cas rejetés. Certes, les militants collaborationnistes ne représentent que 8 % des personnes déférées devant les tribunaux du Calvados à la Libération, preuve que la délation émane plus souvent des cercles proches des victimes familles, voisins, collègues... que des milieux politiques. Mais les particuliers puisent allégrement dans le répertoire idéologique vichyste ou nazi pour motiver leurs plaintes.

LE RÔLE DES FEMMES ?

La pluralité des mobiles explique la grande diversité sociologique des délateurs, une variété qui interdit toute généralisation abusive. Ainsi, la figure du dénonciateur s'est souvent conjuguée au féminin. Plus de 80 % des femmes traduites devant la cour de justice du Maine-et-Loire le sont pour dénonciation, les femmes représentant, dans le Finistère, 70 % des affaires de délation jugées par la cour de justice de ce département. De même, dans le Calvados, les affaires de délation concernent majoritairement le deuxième sexe, semblant confirmer un stéréotype tenace.

Mais cette vision résulte sans doute d'un biais statistique. Car si les femmes dominent, dans le Calvados, chez les moins de 36 ans et les plus de 75 ans, c'est surtout parce que bon nombre de jeunes hommes croupissent dans les stalags et que la plus forte espérance de vie des femmes augmente mécaniquement le nombre de délatrices dans la catégorie des seniors. En outre, les lettres envoyées au commissariat général aux Questions juives étaient pour la plupart rédigées par des hommes.

Affirmer, rapidement, avec Christine Angot, dans la préface qu'elle donna, en 2002, au livre de la psychologue et essayiste allemande Helga Schubert que « les femmes qui dénoncent, c'est radio-pipelette après tout, rien de nouveau » (12) ne correspond pas, en l'état actuel de nos connaissances, à une réalité statistique.

De fait, la délation traverse l'ensemble des milieux sociaux et ne constitue donc pas nécessairement l'arme des faibles. Au contraire, les artisans et commerçants, les cadres, les employés, les professions libérales ont plus volontiers usé de cette arme que les agriculteurs ou les ouvriers dans le Calvados (en revanche salariés agricoles, employés du privé et manœuvres sont légèrement surreprésentés dans le Maine-et-Loire). On a vu, de même, que les classes dites supérieures ne rechignaient pas à user du procédé, à l'instar du docteur Jausion.

La délation, enfin, vise une pluralité de cibles. Dans le Calvados par exemple, les dénonciateurs visèrent les personnes qui détenaient des armes (25 %) ou tenaient des propos antiallemands (25 %), les réfractaires (8,5 %) et les résistants (8 %), les auditeurs de la BBC (7 %) - une variété que l'on retrouve, même si les pourcentages varient, pour le Maine-et-Loire.

Les conséquences, on le devine, furent rarement anodines. De fait, les autorités françaises et allemandes prêtèrent la plus grande attention aux informations qui leur parvenaient - et les affaires déclenchées restèrent rarement sans suite. En Moselle, 69 % des écoutes clandestines des radios étrangères réprimées par les services nazis le furent à partir des dénonciations (13). De même, on peut considérer que la moitié des enquêtes diligentées par la section d'enquête et de contrôle du commissariat général aux Questions juives (le SEC) ont pour origine une dénonciation (14) dont les conséquences furent le plus souvent tragiques pour les intéressés. Les autorités de la Libération, pourtant, sanctionnèrent modérément la délation antisémite : dans le Calvados, près de la moitié des dossiers furent classés sans suite, et une part non négligeable des personnes déférées furent acquittées (32 %). A l'inverse, le fait d'avoir dénoncé un communiste, un réfractaire ou un individu conservant des armes fut plus sévèrement puni.

Pratique intemporelle et universelle, la délation n'en connut pas moins un apogée durant les Années sombres. Les temps, au vrai, avaient changé. Aussi condamnable soit-elle, la dénonciation, sous la IIIe République, s'inscrivait dans un état de droit où les éventuels déviants - fraude fiscale, exercice illégal d'un métier, bandits en fuite... - pouvaient, leur forfait découvert, bénéficier de la garantie qu'offraient les tribunaux. L'Occupation signa au contraire le triomphe de l'arbitraire et une personne dénoncée pour un motif futile (des propos antiallemands par exemple) s'exposait désormais à de lourdes peines, l'emprisonnement, sinon la déportation, voire la mort.

Malgré les risques élevés qu'encouraient les victimes, des milliers de Français recoururent à la délation, qui promettait il est vrai des dividendes élevés. Elle offrait des primes alléchantes, permettait à bon compte de se débarrasser d'un concurrent gênant, d'un mari encombrant, d'un fiancé indésirable - et c'est sans doute pour cette raison que, le plus souvent, les lettres furent adressées aux Allemands (98 % dans le Maine-et-Loire) plutôt qu'aux Français.

A cette aune, la délation a bien constitué un phénomène social, traversant la frontière des classes et des sexes, révélant par son ampleur une face peu flatteuse de l'humanité. Mais elle fut également un phénomène politique. Érigée en système dans les trois départements annexés par le Reich, elle ne fut pas découragée par le régime de Vichy, ses institutions (la Légion française des combattants) et ses officines (le commissariat général aux Questions juives). Tout en se méfiant d'un phénomène qui pouvait dégrader l'atmosphère et conduire à des erreurs néfastes, les autorités mesuraient aussi ce que la délation pouvait leur apporter, ce qui explique qu'elle ait pu être encouragée par des primes mais aussi stigmatisée par la volonté de sanctionner la délation calomnieuse (15).

Ce procédé fut d'autant plus massif qu'il s'enracinait dans une histoire ancienne. Après tout, dira-t-on, l'extrême droite n'avait pas attendu la « divine surprise » de l'été 1940 pour clouer au pilori les Juifs, les « rouges » ou les francs-maçons. Libérée par la Révolution, la passion égalitaire française offrait également une base idéologique pour dénoncer les profiteurs du système ou l'inéquitable partage du fardeau qu'imposait l'occupant allemand.

Il ne faudrait pas cependant minimiser la situation radicalement nouvelle qu'offre aux délateurs le gouvernement de Vichy sous tutelle d'un occupant nazi. Ce cadre garantissait aux délateurs prébendes et impunité - à telle enseigne que de très nombreuses lettres parvenues au commissariat général aux Questions juives étaient signées. Surtout, l'État français érigea la haine de l'autre en principe de gouvernement et encouragea la délation de populations exclues du cadre civique du fait de leurs origines (les Juifs comme les étrangers) ou de leurs préférences politiques. Cette approche rompait avec la fraternité proclamée de la République qui autorisait la délation uniquement contre les criminels ou les délinquants.

La délation sous l'Occupation, dès lors, constitue bien un phénomène inédit. Par son ampleur comme par ses conséquences, elle symbolise, à bien des égards, un certain esprit des années 1940 que les faits d'armes de la Résistance ou le comportement parfois exemplaire de la population ne sauraient occulter.

(2) Cf. B. Williams, « Dénoncer les délateurs : l'épuration dans le Rhône, 1944-1953 », colloque de Caen.

(3) Cf. C. Kohser-Spohn, « La dénonciation en Alsace ou le réapprentissage de la citoyenneté française », colloque de Caen.

(4) J. Chassin, « Typologies de la délation et des délateurs en Normandie », colloque de Caen. Les statistiques relatives au Calvados sont également puisées dans cette communication.

(5) M. Bergère, « Délation et délateurs sous l'Occupation au prisme de l'épuration dans le Maine-et-Loire », colloque de Caen. Les statistiques relatives au Maine-et-Loire citées infra sont également puisées dans cette communication.

(6) Cf. F. Balace, « Dénonciateurs, dénoncés : les paradoxes du cas belge », colloque de Caen.

(7) P. Arnaud, « Les "informateurs" français de la Gestapo en Allemagne », colloque de Caen.

(8) Cf. R. Spina, « Délation et divisions sociales délétères sous l'Occupation : un adjuvant pour le STO, un péril pour les réfractaires », colloque de Caen.

(9) Cf. H. Nahum, « Empêcher une mésalliance. Conséquences dramatiques de l'antisémitisme ordinaire », colloque de Caen.

(10) L. Joly, « La délation antisémite sous l'Occupation », Vingtième Siècle n° 96, octobre-décembre 2007.

(11) Cf. V. Sansico, « La place de la délation dans la répression des délits d'opinion par la justice de Vichy », colloque de Caen.

(12) H. Schubert , Les Femmes qui dénoncent, Stock, 2002.

(13) Cf. C. Neveu, op. cit .

(14) Cf. L. Joly, op. cit ., p. 147.

(15) La loi du 8 décembre 1943 crée le délit de « dénonciation calomnieuse ».

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