PRÈS DE TOI MON AMOUR

Paroles Charles Trenet
Musique Charles Trenet et Guy Luypaerts
Interprète Charles Trenet
Année 1940

Une mélodie swing et des mots qui évoquent "les beaux jours / Les jours d'insouciance" que l'amour permet de revivre en oubliant "le monde et tous ses discours". Trenet se montre ainsi des plus explicite sur sa conception de la chanson : enchanter un réel dont il n'éprouve que trop l'amertume et la cruauté en ces temps d'Occupation.

LE NAZI TEL QU'ON LE PARLAIT
(L'Histoire n°118 ; janvier 1989)

« L'Aryen », « l'espace vital », « l'obéissance », « le poison », « le traitement spécial », « la Solution finale », etc. Le nazisme avait aussi son vocabulaire codé.

Comme tous les régimes totalitaires, le IIIe Reich a marqué la langue en imposant une rhétorique typée et, à travers elle, des modes et des contenus de pensée. Le vocabulaire, pour l'essentiel, n'est pas neuf, les nazis l'ont repris des courants idéologiques dont ils étaient les héritiers ; mais ils en ont fait un usage si intense, grâce à leur contrôle des moyens de communication, qu'il est devenu plus ou moins le mode d'expression quotidienne de millions de personnes. Ci-dessous quelques-unes de ses caractéristiques.

1) L'exploitation sur une grande échelle d'héritages lexicaux privilégiés.

Hérités du nationalisme romantique, des mots comme : Volk, le peuple, la nation, et ses innombrables dérivés (Volkstum, Volksgenosse, volkisch) ; Gemeinschaft, la communauté (Volksge-meinschaft, la communauté populaire) ; Lebensraum, l'espace vital ; Heil, vieille formule de salutation remise à l'honneur au XIXe siècle par le mouvement nationaliste sportif de Jahn.

Du racisme pseudo-scientifique de la fin du XIXe siècle, des termes comme : Rasse, Sippe, Art qui désignent tous la race ; Arier, l'Aryen ; Blut, le sang, Blutgemeinschaft, la communauté de sang, et par contraste l'étranger, Fremd ; Verjudung, l'enjuivement ; Gin, le poison... et tout un vocabulaire du microbe et du parasite pour désigner le Juif et son action.

2) Le recours massif à un vocabulaire militaire et administratif. Du premier, des termes comme Einsatzet einsatzbereit, intervention, prêt à intervenir, Menschenmaterial, le matériel humain, mais surtout des mots désignant les qualités du combat (kampferisch) et de l'héroïsme (Heldentum). Du second, des mots tirés de la grisaille bureaucratique pour servir à camoufler une réalité meurtrière au plus haut degré : Endlosung, Solution finale ; Sonderbehandlung, traitement spécial...

3) La valorisation de tout un vocabulaire qui, dans la tradition libérale et démocratique, était péjorativement connoté. Cette inversion des signes est particulièrement frappante dans le cas de mots exprimant la dureté et la brutalité, notamment une série d'adjectifs interchangeables qui signifient impitoyable, sans égard, etc. : rucksichtlos, erbarmungslos, unerbitlich ; le comportement aveugle (blinde Glaube, foi aveugle, blinde Gehorsam, obéissance aveugle) ; enfin et surtout le fanatisme (fanatisch, Fanatismus).

4) L'emploi démesuré de termes superlatifs : les réalisations du régime sont toujours historisch (historiques), les solutions qu'il propose ne peuvent être que total, et leur durée ewig, éternelle. Cette rhétorique du gigantisme et de l'hyperbole se marque en particulier dans le goût des chiffres astronomiques, l'exemple le plus connu en étant der tausendjahrige Reich, le Reich de mille ans...

Nous contacter

Veuillez entrer votre nom.
Veuillez entrer un sujet.
Veuillez entrer un message.
Veuillez vérifier le captcha pour prouver que vous n'êtes pas un robot.