MAM'ZELLE CLIO

Paroles Charles Trenet
Musique Charles Trenet
Interprète Charles Trenet
Année 1939

Le premier homicide volontaire dans une chanson de Trenet en solo (il en est la victime), et pourtant un opus aussi miraculeux de légèreté (avec un "Votre maman avait des ailes" qui n'est pas sans rappeler les étranges confidences de Maman, ne vends pas la maison et de Ménilmontant) que Je chante : l'amant tué par un mari jaloux (épinglé d'emblée comme "le fils de ces idiots") vient "toutes les nuits", avec la bénédiction du "diable", retrouver sa belle "Et tirer les poils du petit cocu qui veille". Délivré de la pesanteur du corps et de la fuite du temps, ce fantôme facétieux ne manque pas pour finir de lancer un de ces cris de joie qui concluent souvent les chansons de la période Fou chantant (ex.Pigeon vole ; La route enchantée) : "J'ai l'éternité pour chanter là-bas : / Je dors avec toi !"

LA CHANSON DU RAYON DE LUNE
(Des vers ; Guy de Maupassant ; 1880)

Sais-tu qui je suis ? Le Rayon de Lune.
Sais-tu d’où je viens ? Regarde là-haut.
Ma mère est brillante, et la nuit est brune.
Je rampe sous l’arbre et glisse sur l’eau ;
Je m’étends sur l’herbe et cours sur la dune ;
Je grimpe au mur noir, au tronc du bouleau,
Comme un maraudeur qui cherche fortune.
Je n’ai jamais froid ; je n’ai jamais chaud.
Je suis si petit que je passe
Où nul autre ne passerait.
Aux vitres je colle ma face
Et j’ai surpris plus d’un secret.
Je me couche de place en place
Et les bêtes de la forêt,
Les amoureux au pied distrait,
Pour mieux s’aimer suivent ma trace.
Puis, quand je me perds dans l’espace,
Je laisse au cœur un long regret.

Rossignol et fauvette
Pour moi chantent au faîte
Des ormes ou des pins.
J’aime à mettre ma tête
Au terrier des lapins,
Lors, quittant sa retraite
Avec des bonds soudains,
Chacun part et se jette
A travers les chemins.
Au fond des creux ravins
Je réveille les daims
Et la biche inquiète.
Elle évente, muette,
Le chasseur qui la guette
La mort entre les mains,
Ou les appels lointains
Du grand cerf qui s’apprête
Aux amours clandestins.

Ma mère soulève
Les flots écumeux,
Alors je me lève,
Et sur chaque grève
J’agite mes feux.
Puis j’endors la sève
Par le bois ombreux ;
Et ma clarté brève,
Dans les chemins creux,
Parfois semble un glaive
Au passant peureux.
Je donne le rêve
Aux esprits joyeux,
Un instant de trêve
Aux cœurs malheureux.

Sais-tu qui je suis ? Le Rayon de Lune.
Et sais-tu pourquoi je viens de là-haut ?
Sous les arbres noirs la nuit était brune ;
Tu pouvais te perdre et glisser dans l’eau,
Errer par les bois, vaguer sur la dune,
Te heurter, dans l’ombre, au tronc du bouleau.
Je veux te montrer la route opportune ;
Et voilà pourquoi je viens de là-haut.

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