LE PETIT OISEAU

Paroles Charles Trenet
Musique Charles Trenet
Interprètes Charles et Johnny
Année 1936

Un "Petit oiseau" (une expression à forte connotation sexuelle...) se morfond si bien dans son nid qu'il s'envole, "Ivre d'air pur et d'amour", tout "en haut de la montagne". "Mais le diable qui bat sa femme" déchaîne bientôt une terrible tempête, et l'histoire finit mal. Du pur Trenet à l'époque de Charles et Johnny, avec la première occurrence du thème du cœur-oiseau qui fera battre une bonne partie de l'œuvre que le chanteur élaborera bientôt en solitaire (ex.Les oiseaux de Paris Hop ! Hop !). La confidence pointe en effet à l'évidence derrière la chanson : Trenet étouffe de plus en plus dans la routine de son aventure en duo, et aussi sous le poids des bons conseils de sa mère : il est prêt à déployer ses ailes, quitte à y laisser des plumes. Johnny Hess semble d'ailleurs de plus en plus réduit à la portion congrue de co-interprète en cette année 1936 : il ne signe par exemple la musique que d'une seule des quatre chansons enregistrées le 5 mai : Les petits punis.

AU PREMIER HOMME-OISEAU QUI VOLA SUR MA VILLE
(La Terrasse au Soleil ; Albert Bausil ; 1921 ; Editions du Coq catalan)

 

A Gilbert

 

Tu rampais. Tes prisons te paraissaient petites.
Les univers créés arrêtaient tes élans
Et tes rêves allaient se briser aux limites
Des terres et des océans.

Ton esprit, se sachant des ailes inutiles,
Se cognait, impuissant, aux parois de son nid...
- Lorsqu'un jour tu rompis, triomphant et docile,
La barrière de l'infini.

Alors, ce fut la fête éblouissante et folle.
Le ciel s'ouvrit à toi dans ses horizons purs
Et tu connus l'orgueil d'être celui qui viole
La virginité de l'azur !

Tu montas. Le soleil t'appela, comme un phare.
Ivre, tu sus dompter l'élément révolté
Et tu soumis l'essor inutile d'Icare
Aux rythmes de ta volonté.

Quelquefois, tu rougis tes grandes ailes blanches...
Quelquefois, l'ouragan te saisit dans ton vol,
Heureux de se donner de sanglantes revanches
Et de t'écraser sur le sol.

Qu'importe ! - Le martyre est la rançon des gloires.
D'un espoir qui s'éteint un espoir nouveau sort.
Pare-toi de tes deuils comme d'une victoire.
Le Rêve est plus fort que la Mort !

Accélère le temps, monte, franchis les âges,
Pénètre le futur de tes ailes de lin,
Dépasse les sommets, dépasse les nuages,
Comme l'aigle dédaléen.

Vogue en plein ciel, ma Victoire de Samothrace !
Impose à nos dédains l'audace de planer.
Dépasse-nous. - Et tu sais bien que quand tu passes,
Tous les fronts doivent se lever !

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