LA FAMILLE MUSICIENNE

Paroles Charles Trenet
Musique Charles Trenet
Interprète Charles Trenet
Année 1963

Trenet a mal à son enfance en ce début d'année 1963 : après Landru, il reconstitue ici un cercle familial idéal, un cercle uni par l'amour de la musique et dont il est d'abord exclu, avant d'y être triomphalement réintégré, chacun jouant ses chansons "dans tous les tons". Tout se passe donc comme si ses parents n'avaient jamais divorcé et comme si ces concerts réunissant papa et maman continuaient encore aujourd'hui. La famille musicienne ou l'art de panser les blessures de l'enfance par la chanson...

LA FAMILLE MUSICIENNE
(Monsieur Trenet ; Richard Cannavo ; 1993 ; Editions Lieu Commun)

Plus tard Charles Trenet lui-même racontera : « Bien que notaire mon père n'était pas tellement bourgeois, il était même un petit peu bohème : il a été notaire parce qu'il fallait bien faire quelque chose et qu'il avait suivi des études pour ça, mais il aurait préféré jouer du violon à la terrasse des cafés : il me disait toujours que c'était là le grand regret de sa vie. Mais on ne pouvait tout de même pas, à la fin, lui acheter un café pour qu'il aille jouer à la terrasse ! Il est donc resté dans son étude et parfois même, quand il faisait très chaud, il disait qu'il était dans son "étuve de notaire". Il composait aussi, en particulier des sardanes. Et on se réunissait tous les samedis pour faire de la musique en famille : c'est pour ça que j'ai écrit "La famille musicienne". C'était la mienne ! Mon père donc était un excellent violoniste. Ma mère jouait très bien de la harpe ancienne, et mon frère du cymbalum et du piano. Dans le quartier on nous appelait "la famille musicienne". Et chaque samedi, à la maison, il y avait un concert, en, général c'était un quatuor avec mon père, ma tante Emilie au piano et le curé de la paroisse aussi, qui venait jouer de la flûte. Tout ça en fait était charmant. Mais on ne jouait pas d'imbécilités comme je le dis dans la chanson ! On jouait du classique, beaucoup de Mozart, du Brahms, du Beethoven. Lorsqu'ils jouaient le samedi, comme le dimanche je pouvais faire la grasse matinée je restais jusqu'au bout. Par contre quand les réunions avaient lieu le jeudi, ce qui arrivait aussi, le salon n'étant séparé de ma chambre que par une cloison, j'entendais la musique et je priais le bon Dieu pour qu'ils s'en aillent parce qu'il me fallait me lever à 7 heures le lendemain pour aller au collège et vraiment, si j'aimais Bach et Beethoven, ça finissait par m'assommer parce qu'ils m'empêchaient de dormir ! »

Autre témoin de ces temps héroïques, Denis Bauby lui aussi se souvient du père de Charles. plus d'un demi-siècle plus tard, il raconte : « Perpignan, dans les années 20, n'était qu'une petite ville de 25 000 habitants, où tous les notables étaient connus. Il en était ainsi pour le père de Charles Trenet qui était notaire, et son oncle, qui était architecte. Lucien, le notaire, passionné d'art et de musique, quand vous alliez le consulter pour une question de droit, n'hésitait pas à vous entraîner vers le salon où il prenait son violon, ou bien il se mettait au piano, tandis que les autres clients s'entassaient et s'impatientaient dans la salle d'attente. Il jouait ainsi pendant une heure ou deux et il oubliait ses clients ! Il pouvait aussi partir dans la campagne voir un monument ou quelque chose qui l'intéressait, et négliger ainsi un rendez-vous... »

Nous contacter

Veuillez entrer votre nom.
Veuillez entrer un sujet.
Veuillez entrer un message.
Veuillez vérifier le captcha pour prouver que vous n'êtes pas un robot.