C. Trenet / Je n'irai pas à Notre-Dame

Mais la grande affaire de ces années tranquilles reste l'épisode Notre-Dame de Paris, en mars 1987. A cette époque, après avoir été longtemps annoncé à l'Opéra de Paris (événement très attendu qui, finalement, n'aura jamais lieu), le « fou chantant » est programmé sous les voûtes de la cathédrale de Paris. Une soirée de bienfaisance à laquelle Trenet se réjouit de participer... mais dont il sera exclu à la dernière minute, à la demande des autorités religieuses. Le mois suivant, la S.A.C.E.M., au langage pourtant très mesuré d'ordinaire, n'hésitera pas à ironiser, sous le titre « Le fou déchantant » :

« "Je n'irai pas chanter à Notre-Dame." C'est l'air enjoué et narquois qu'a inspiré à notre éternel "fou chantant" un incident peu commun, qu'on croyait pourtant appartenir à une autre époque, un peu plus médiévale. Programmé à Notre-Dame de Paris à l'occasion d'un gala de solidarité organisé par le Rotary Club de France, aux côtés de musiciens classiques, Charles Trenet s'est en effet vu interdire l'accès à la cathédrale sous le prétexte que le music-hall n'avait pas sa place dans un lieu saint (sic : déclaration des autorités religieuses concernées sur France-Inter). Depuis Molière, Mozart et quelques autres abandonnés à la fosse commune des talents, on croyait une telle attitude révolue à jamais : force est de reconnaître qu'il n'en était rien. Ce qui prouve bien que, plus de quarante ans après, l'auteur de "La java du diable", "L'abbé à l'harmonium" et "La pavane des patronages" en fait encore trembler quelques-uns, ce qui est, après tout, un signe du vrai talent. »

Charles Trenet, c'est vrai, a écrit une chanson pour la circonstance : « Je n'irai pas chanter à Notre-Dame » ! Une chanson demeurée inédite, et qu'il s'est juste contenté de venir interpréter un samedi soir dans « Champs-Elysées », l'émission vedette de Michel Drucker.