A MI-CHEMIN

Paroles Charles Trenet
Musique Charles Trenet
Interprète Charles Trenet
Année 1965

La première chanson où Trenet, la cinquantaine venue, esquisse un bilan de sa vie. Il n'en retient guère, sur fond de chœurs et de violons, que "les jours d'enfance" et "cet amour au cœur qui n'est pas fini".

TRENET : ANNÉES SOIXANTE
(Monsieur Trenet ; Richard Cannavo ; 1993 ; Editions Lieu Commun)

Les années 60, ces sixties de légende au souffle de révolte, vont éclater comme un orage dans le ciel toujours bleu, dans ce ciel peut-être un peu trop limpide qui continue de baigner l'univers de Trenet. Un véritable cyclone : des torrents de décibels furieux vont déferler sur le monde, sur les ondes, envahissant les rues, les salles et les logis. Un phénomène aussi brutal qu'inattendu. Une explosion autant musicale que sociologique : pour la première fois les adolescents, ces moins de vingt ans qu'on appelle alors teenagers, prennent la parole, et quasiment le pouvoir. Pour la première fois le jeunesse est reine, et souveraine : elle fait la pluie et l'air du temps, elle fait la mode parce qu'elle est la mode, en une espèce de terrorisme exalté qui, bien que souriant, ne supporte pas la contradiction, et rejette les contraintes. Cette jeunesse souvent dorée aspire ce nouveau parfum de liberté comme un oxygène des grands fonds ; avec une avidité frémissante, et une impatience vitale.

Charles Trenet, lui, frise la cinquantaine. Aux yeux de tous ces « copains » qui dans leur frénésie aveugle rejettent sans pitié jusqu'à Serge Gainsbourg : « Il a trente ans ; c'est un vieux » (Gainsbourg qui, il n'est pas inutile de le rappeler, saura épouser la folie de son temps et se hissera tout en souplesse à la crête de cette vague écervelée en concoctant quelques petits chefs d'œuvre érotico-bêtifiants pour les baby-stars des hit-parades new-style), aux yeux de tous ces presque enfants donc, Charles Trenet est out, dépassé, balayé. Le fou chantant ? Un ancêtre. Un fossile. Vieux crocodile d'un marigot qui n'est plus le leur, Trenet n'est que la pâle relique d'une époque révolue. 1936 semble bien loin, il est vrai, et la marée tranquille des premiers congés payés, Auberges de la jeunesse et kermesses bon enfant, flonflons et bals musette, bicyclettes et guinguettes, avec des coquelicots dans les champs de blé mûr et l'écume des vagues molles sur la grève. Finis les ballades tendres et les frais refrains ! Place désormais au bruit et à la fureur, aux guitares électriques et aux solos de batteries, place aux rythmes nouveaux assénés comme des coups, martelés comme des cris, jusqu'à l'agonie des amplis. Place au rock, que diable !

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