B. Lavilliers / Night bird

Après le brassage musical et le discours social de O gringo, Nuit d'amour, le huitième album de Lavilliers (huit chansons inédites et une nouvelle version des Barbares), marque un retour au rock et au personnage de l'aventurier cher à l'auteur, mais un aventurier de moins en moins romantique et qui évolue dans un univers de plus en plus glauque. Night bird, la très longue chanson d'ouverture (près de sept minutes trente), mi-parlée, mi-chantée, au début presque inaudible derrière les percussions, donne d'emblée l'ambiance très sombre de l'album en nous plongeant en plein film noir hollywoodien : Los Angeles ; un méchant en cavale ("J'enjambais des cadavres depuis quelques années / Je n'avais rien de bon et rien de spontané") ; une femme fatale ("panthère dorée dans un éclair de strass", un personnage derrière lequel il n'est pas difficile d'identifier Lisa Lyon, la culturiste américaine qui partageait alors la vie de Lavilliers) ; la trahison ("Petit monstre petit monstre pourquoi m'as-tu donné ?") ; et la "vengeance qui suppure" derrière les murs de la prison ("Je connais la nuit de ta mort").