LA CHASSE AUX PAPILLONS
Paroles | Georges Brassens | |
Musique | Georges Brassens | |
Interprète | Georges Brassens | |
Année | 1953 |
Ecrite peu après la guerre (1947) et d'abord créée sur scène par Patachou (qui l'enregistrera également ; cf. Brave Margot)), une chanson encore sous l'influence de Trenet (J'ai ta main, Pigeon vole ou La route enchantée ne sont pas loin), mais qui s'en distingue par sa prise de position sans ambages en faveur d'une liberté sexuelle pleine et entière pour la jeunesse, à l'encontre de la morale catholique traditionnelle qui imposait la chasteté jusqu'au mariage. Le dossier est clos en à peine deux minutes et mené, dans un cadre intemporel de conte de fées (l'héroïne s'appelle "Cendrillon" et le "bon petit diable" qui lui propose d'aller "à la chasse aux papillons" la trouve à "l'orée du village, / Filant sa quenouille"), avec une simplicité de chanson traditionnelle (nombreuses répétitions et élisions ; liaisons intempestives de bon aloi, comme "Qu'on va-t-à la chasse aux papillons"), ce qui n'interdit pas des tournures plus savantes ("joyeux ramages", "frais bocages"). La langue caractéristique des chansons de Brassens en somme.
LA CHANSON DES BOIS
(paroles et musique de Georges Brassens ; déposée à la SACEM le 5 octobre 1942)
Jeune belle au regard simple et tendre,
Jeune belle, donnez-moi la main.
Donnez-moi la main sans plus attendre
Et suivons, suivons ce grand chemin.
Il nous conduira tout droit
Vers une forêt belle et profonde.
Et nous oublierons bientôt le monde,
Car, dans ce charmant endroit,
On n'entend que la chansonnette
Du ruisseau qui court dans le bois,
De l'oiseau perché sur le toit,
Sur le toit d'une maisonnette.
On ne voit que l'aile brillante
Du papillon qui vient des cieux
Pour se poser silencieux
Sur la fleur aux couleurs riantes.
Dans vos cheveux semés de fleurettes
Je poserai des baisers très doux
Mais, au-dessus de votre collerette,
Les baisers deviendront un peu plus fous.
Quand l'amour viendra vous sourire,
Vous n'aurez pas un air surpris
Car vos yeux semblent vouloir dire
Que vous m'avez déjà compris.
La chanson dit encore que la belle
Goûta fort la romance des bois
Et qu'avec son amoureux fidèle
Elle alla la chanter plusieurs fois.
Ils se sont aimés longtemps
Dans cette forêt belle et profonde,
Sans rien voir, sans s'occuper du monde,
Car lorsqu'on a vingt ans
On n'entend que la chansonnette
Du ruisseau qui court dans le bois,
De l'oiseau perché sur le toit,
Sur le toit d'une maisonnette.
On ne voit que l'aile brillante
Du papillon qui vient des cieux
Pour se poser silencieux
Sur la fleur aux couleurs riantes.
Les vrais amants ne prennent de la vie
Que le bon côté, l'amour, les chansons.
Les vrais amants n'ont jamais d'autre envie
Que de s'aimer gentiment sans façon.
Quand l'amour prend la grande place
Dans nos cœurs, dans notre maison,
On se fout de tout ce qui se passe ;
On s'en fout et l'on a raison.