Charles Trenet

(1913-2001)

 

 

 

Quel état que l'été
Met en moi
Quel émoi
Et quel mois de mai !

      (Pigeon vole)

Lorsque Charles Trenet enflamme le public de l'ABC le 25 mars 1938, il déclenche la révolution qui couvait dans la chanson depuis le début des années trente (et à laquelle il avait lui-même contribué avec Johnny Hess) en sublimant le réel dans un fantastique du quotidien à base de délire verbal, d'images cocasses et de jazz débridé qui fait chanter le français. Naît ainsi en un laps de temps très court et une extraordinaire série de chefs d'œuvre un univers léger, "bleu, blanc, rose et doux", qui efface comme par magie tout ce qui est drame et tragédie autant qu'il célèbre les désirs et le dynamisme de la jeunesse, un univers rêvé remède à une mélancolie qui perce sans cesse derrière cette joie de vivre inlassablement chantée. Le père fondateur de la chanson-poésie oublie cependant très vite la fantaisie et le swing du Fou chantant pour se transformer en chanteur-poète bourgeois si prompt à s'émerveiller des beautés du monde et de la vie que l'insipide et l'inutile abondent dans son œuvre pléthorique (soixante-six ans de carrière et plus de quatre cents chansons conservées !).

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