UN RIEN ME FAIT CHANTER

Paroles Charles Trenet
Musique Charles Trenet
Interprète Charles Trenet
Année 1941

Dans le plus pur style Fou chantant ("Quand le ciel est joyeux, je me sens le cœur tout bleu / Mais quand hélas il pleut, j'aime la pluie"), un hymne à l'optimisme retrouvé, à la nature (avec les inévitables oiseaux, et "la marmotte" qui fait des confidences à "l'écureuil") et un refrain qui retrouve le cri de joie de bien des chansons d'avant-guerre (ex.Pigeon vole ; Mam'zelle Clio), tout en ironisant sur le "Travail-Famille-Patrie" de Vichy : "J'aime mon père, ma mère, la France, le bon Dieu, / Et puis les femmes, les femmes, les femmes qui ont les yeux bleus !"

CHARLES TRENET EST MORT
(Paris-Soir ; 30 juillet 1940)

Midinettes, vos beaux yeux vont pleurer : le Prince charmant de la chanson est mort.

Il est mort en avion.

Nous ne savons rien de plus : il est mort sans détail !

S'il commentait son destin, sans doute vous dirait-il en souriant : « Ce n'est rien. Je suis tombé de cheval... Une chute de Pégase !... »

On l'avait baptisé « le fou chantant »

Il fallait en effet être un peu fou, et de la manière la plus ravissante, pour écrire des chansons et célébrer la joie, la jeunesse et l'amour en des temps où la joie, la jeunesse et l'amour étaient comme interdits de séjour...

... Chansons alertes, musiques guillerettes, rimes espiègles, sentiments ton sur ton...

Il arrivait en scène, ainsi qu'à une fête, le chapeau en arrière, le visage barbouillé de sourire comme de confiture, et aussitôt la salle était comme illuminée : y avait de la joie...

Un frémissement l'accueillait.

On n'était venu que pour lui, et comme il ne faisait son entrée qu'à l'heure des étoiles, sur le coup de 11 heures, on avait toujours un peu l'impression qu'il était en retard. On avait envie de lui dire : « Enfin, te voilà, ce n'est pas trop tôt... »

Mais il ne nous en laissait pas le temps, car il « enchaînait » aussitôt.

Que chantait-il ?

Il chantait la fleur bleue qu'on cueille dans le chemin des écoliers, le soleil qui pose des lapins à la lune, les rois qui dansent la java, les cœurs qui font boum, les amoureux qui se promènent la main dans la main, et les grands-pères distraits qui oublient leurs chevaux...

Ce garçon sympathique, qui jouait avec son talent ainsi qu'avec une toupie, nous a quittés un peu trop tôt.

Il nous laissera le souvenir d'un ami d'enfance, vous savez : le bon petit diable qui faisait des blagues, qui arrosait les pianos pour faire fleurir les mélodies, et qui embrassait toutes les filles sur la bouche, histoire de les faire rêver...

On se surprendra encore à chanter mélancoliquement ses airs légers.

Le printemps a perdu sa fleur bleue.

Y a plus de joie !

Y a plus de Trenet !

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