ANNIE-ANNA

Paroles Charles Trenet
Musique Charles Trenet et Michel Emer
Interprète Charles Trenet
Année 1938 (inédit 1939)

Charles et Johnny aimaient déjà s'amuser avec les sonorités, les calembours et les contrepèteries (ex.Augustine et Augustin ; Dans le lit d'Aline), et Trenet poursuit dans la même veine avec Annie-Anna, tout en complexifiant davantage le jeu, sur le modèle de son  ami et maître, Max Jacob : les mots ne cessent de se renvoyer des échos tellement décalés ("Tandis qu'Anna dans sa maison fait la lessive / Dans les salons sa sœur Annie fait la lascive" ; "Annie / Vous avez des yeux bleus qu'Anna n'a") que le cantophile ne sait plus où donner de l'oreille et qu'il est bien difficile de savoir à la fin de la chanson laquelle des deux sœurs est une femme du monde qui rejoint ses amis "en robe d'apparat" et laquelle est une ménagère aux "jolis yeux gris" qui reste "toujours seule à Paris". Parmi les nombreuses chansons de sa période Fou chantant que Trenet a réenregistrées au début des années soixante, Annie-Anna (reprise sur un super 45 tours publié en 1962) est sans doute aussi celle qui permet de saisir le mieux sa mutation en chanteur-poète bourgeois.

VARIATION D'UNE FORMULE
(Les œuvres burlesques et mystiques de frère Matorel mort au couvent ; Max Jacob ; 1912 ; Editions Kahnweiler)

La bourse houle ! avis !
La bourse ou la vie !
Là bout sous la vie
(Glas ! boue !) sourd, l'ami
Glabre, ours sous l'habit.
Las ! bouc saoul, Lévy
Court, à court d'avis
Et vite, les coups évite
A court souffle, ce lévite.
Là-bas, les Boers labourent
Sous la mine.
Pauvres bougres de Boers.
Ici l'on bourre les Boers
Mais bourreurs de Boers et Boers labourés
Un jour soulagés, vœ !
Iront par racine
Manger les navets
Ave !

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