LE BOUT DU MONDE
Paroles | Charles Trenet | |
Musique | Johnny Hess | |
Interprètes | Charles, Johnny et Christiane Néré | |
Année | 1935 (inédit 2010) |
La première des quatre chansons que Charles et Johnny interprétèrent lors du Quart d'heure des enfants terribles mais qu'ils n'enregistrèrent jamais sur disque. Le duo se transforme en trio pour l'occasion grâce à une des invitées de l'émission : Christiane Néré.
LE QUART D'HEURE DES ENFANTS TERRIBLES
(Intégrale Trenet : introduction du volume 2 ; Daniel Nevers ; 1996 ; Editions Frémeaux et Associés)
Dans son livre (1), Jean Sablon rappelle que, outre leur tour de chant, leurs disques et les airs écrits pour les autres, Charles et Johnny faisaient aussi de la radio. Il mentionne les publicités et les "imitations très drôles" auxquelles se livrait parfois Trenet. Des pubs, on en trouvera plusieurs dans le présent recueil : une longue (en ce temps-là, on ne craignait pas la durée dans ce domaine), Les Roses et les Épines, commanditée par le fabriquant de cuisinières Arthur-Martin, et quatre plus brèves rendant hommage aux vertus du thé des familles, à la solidité des meubles Lévitan, à l'élégance des fourrures Brunswick et à l'imperméabilité des impers Valentin... Les trois premières commandées par Jacques Canetti et Marcel Bleustein, furent diffusées sur les antennes de Radio Cité. La quatrième doit provenir de la bande-son d'un de ces petits films publicitaires que l'on projetait déjà pendant l'entr'acte...
Quant aux imitations, Sablon fut justement l'un de ceux qui en firent les frais, gentiment mis en boîte, d'abord (et pas très bien) par Johnny, puis (bien mieux) par Charles, dans l'un de ses "tubes", Miss Otis regrette, adaptation française de Miss Otis regrets, la chanson de Cole Porter, énorme succès outre-Atlantique de Cab Calloway... Trenet aimait aussi beaucoup imiter Suzy Solidor, Lys Gauty, Jean Cocteau ou encore la délirante Morgane, qu'il avait pu faire engager au Bœuf sur le toit, pour qui il avait écrit La Femme de Fantomas, et que Georgius avait surnommée "la tragédienne comique"... Ici, c'est en imitateur de Maurice Chevalier que nos découvrirons Trenet dans J'ai un Rendez-Vous, une chanson que la plus internationale des vedettes du music-hall français aurait effectivement fort bien pu interpréter. Tout cela se trouve inclus dans les dix-sept concerts, connus sous le nom du Quart d'Heure des Enfants Terribles, que Charles, Johnny et leurs invités donnèrent de fin août à fin décembre 1935 sur les antennes du Poste Parisien et de Paris Ile-de-France. Toutes constituées de six faces de soixante-dix-huit tours enregistrées et pressées quelques jours avant la double diffusion, ces émissions aidèrent grandement les duettistes et leurs copains à se faire rapidement connaître, en ces jours de T.S.F. triomphante, bien au-delà du cercle des acheteurs de disques. Les copains et copines, Charles et Johnny les recrutèrent surtout parmi ceux qu'ils côtoyaient quotidiennement dans les boîtes où eux-mêmes se produisaient. Fréhel n'en fit point partie, car il s'agissait surtout de faire découvrir les nouveaux talents de la chanson. O'Dett ne vint pas non plus, car son répertoire devait être jugé pat trop "olé-olé"!... En revanche, Suzy Solidor, Christiane Mérey (2), Guy Berry, Jacqueline Jacquet, Maurice Martelier, Charlotte Dauvia, Licette Limozin, Réda Caire, Cherry Kobler, Stéphane Weber, Eliane de Creux, furent plus ou moins assidus. Sans parler de la "tragédienne comique", Morgane, qui chanta Le Hussard de la Garde dans le premier concert et Je l'aime parce qu'il est grand au cours du deuxième... Dommage que nous n'ayons pu retrouver ces extraits, car Morgane ne semble pas avoir enregistré commercialement... Par ailleurs, il faut bien avouer, en relisant la liste, qu'à part Solidor et, dans une moindre mesure, Réda Caire et Guy Berry, les noms des invités ne nous disent plus grand chose aujourd'hui. Si l'on se rappelle encore vaguement Eliane de Creus, c'est surtout parce qu'elle enregistra en duo avec Jean Sablon (notamment Parce que je vous aime, justement) et fit quelques faces avec Django comme accompagnateur (voir "Intégrale Django Reinhardt, vol. 1" - FA 301). le plus souvent, ces invités chantaient seuls, mais il arrivait parfois que Charles et Johnny fissent les chœurs. Nous avons inclus ici trois exemples : La fête au Pays par Licette Limozin, Le Printemps n'est pas loin par Cherry Kobler et Parce que je vous aime par Eliane de Creus. Signalons qu'il doit exister également quelque part un Le Bout du Monde, par Christiane Mérey (2) et les deux garçons (TC 1542 -12 septembre 1935) (3)... Bien entendu, ce que nous avons surtout retenu de ces pièces fort rares (pressées, dit-on, à moins de vingt exemplaires) offertes par les filatures de la Redoute, à Roubaix, ce sont les interventions de Charles et Johnny eux-mêmes. Nombre d'entre elles sont la copie à peu près conforme des disques du commerce (exemples : Quand les beaux jours seront là, Sur le Tang-Tsé-Kiang, L'Hôtel borgne...), tant leur numéro était réglé avec précision. A part ces trois titres, nous n'avons donc pas jugé utile de faire à nouveau figurer Le petit Pensionnaire, Le Fils de la Femme-Poisson, Dans Paris y a une Dame, J'vous aime pas, Les Feux de la Saint-Jean, Quand on est Cheval de Fiacre, Augustin, Augustine, Adieu Paris, Le Duel, La Fille de Lorient, La Ménagerie Patarac, Les Jolies Demoiselles ou Le petit Noël, que l'on pourra trouver au volume 1 dans des versions nettement mieux enregistrées... Par contre, nous avons retenu des choses qui ne furent point gravées commercialement (Miss Otis regrette, J'ai un Rendez-Vous, Quel beau Dimanche), ou qui présentent de légères différences par rapport à la version dite du commerce (Sous le Lit de Lily, Rendez-Vous sous la Pluie et surtout Maman, ne vends pas la Maison, où la part de Trenet soliste est davantage développée). Et puis, bien sûr, nous avons inclus les différents indicatifs (de début et de fin) à la gloire de la Redoute... La série s'acheva l'ultime semaine de l'an 35. Dès janvier 1936, ce fut Jean Tranchant qui prit le relais au "micro de la Redoute"...
(1) De France ou bien d'ailleurs (Jean Sablon ; 1979 ; Editions Robert Laffont)
(2) En réalité Christiane Néré.
(3) Finalement retrouvée, cette chanson figure dans le volume 9 de l'Intégrale Trenet chez Frémeaux et Associés.