BARON SAMEDI

Paroles Bernard Lavilliers
Musique Bernard Lavilliers et Vincent Faucher
Interprète Bernard Lavilliers
Année 2013

Vingt-cinq ans après Haïti couleurs, Lavilliers revient avec Baron samedi, la chanson éponyme de son vingtième album, dans cette île qui semble concentrer tous les malheurs du monde pour évoquer le séisme qui l'a frappée le 12 janvier 2010 (plus de 280 000 morts et des dégâts matériels considérables, notamment dans la capitale du pays, située tout près de l'épicentre de la catastrophe). La description cinématographico-réaliste de la catastrophe ("Port-au-Prince dans la poussière / Fracassés les ministères") laisse vite la place à des métaphores ("Haïti est sur la faille / On peut y voir ses entrailles") et, surtout, à des visions hallucinées où les "Tambours voilés du vaudou" marquent l'apparition de "Baron samedi", l'esprit de la Mort qui cherche "en souriant" les "grands guerriers" aux "corps déchirés" ensevelis sous les décombres de la ville.

1755 : LA TERRE TREMBLE A LISBONNNE
(L'Histoire n° 304 ; Grégory Quenet ; décembre 2005)

Quelque 10 000 personnes ont péri dans le tremblement de terre de Lisbonne. Au-delà de ce terrible bilan, une foi nouvelle apparaît, celle dans la capacité des hommes à lutter contre les catastrophes. Mais aussi une peur inédite face à ce qui reste imprévisible.

Le tremblement de terre de Lisbonne, le 1er novembre 1755, demeure sans doute la catastrophe naturelle la plus célèbre de l'histoire. On la redécouvre aujourd'hui à la lumière des drames qui ont ravagé des régions entières et étalé leur triste bilan humain : le tsunami asiatique de Noël 2004 ou le cyclone Katrina.

Comme bien souvent, le nombre de morts ne suffit pas à expliquer le choc de l'événement ; la signification l'emporte sur les aspects matériels. Les 10 000 morts de Lisbonne en 1755 ne peuvent éclipser les 100 000 morts de la peste de Provence en 1720, sans parler des centaines de milliers de victimes causées par les cyclones en Inde en 1737 et 1789 ou les 10 millions emportées par la famine du Bengale en 1770. Voltaire lui-même ne reconnaît-il pas à propos du tremblement de terre de 1699 en Chine qu'il « fut plus funeste que celui qui de nos jours a détruit Lima et Lisbonne ; il fit périr, dit-on, environ 400 000 hommes » (Essai sur les mœurs) ? Si le tremblement de terre de Lisbonne a tant frappé, c'est qu'il est apparu comme la première catastrophe moderne. Qu'est-ce qui a donc changé en 1755 ?

Le séisme se produit un samedi, jour de la Toussaint, vers 9h40 du matin. En neuf minutes se succèdent quatre secousses, tellement violentes que le ciel est obscurci par la poussière des bâtiments qui s'écroulent et par les vapeurs sulfureuses. Quelques instants plus tard, un tsunami d'une hauteur de 5 à 10 mètres balaie la partie basse et littorale de la ville, le Terreiro do Paço, suivi d'un nouveau tremblement de terre vers 11 heures.

Les chutes de cheminées, l'éparpillement des feux domestiques et parfois l'action des pillards déclenchent un gigantesque incendie qui dure cinq ou six jours. Les flammes causent d'ailleurs la plus grande partie des dégâts, notamment parmi les biens mobiliers et les marchandises, et atteignent une telle intensité qu'elles sont visibles à Santarem, à environ 70 kilomètres au nord-est. Les secousses se répéteront : plus de 500 jusqu'en septembre 1756, accentuant la panique et la désorganisation de la société lisbonnine.

La secousse principale est aujourd'hui estimée à une magnitude de 8,7 sur l'échelle de Richter, qui mesure l'énergie dissipée au foyer - par comparaison, le tremblement de terre qui a provoqué le tsunami asiatique de 2004 a atteint 9 ou 9,3. On pense aujourd'hui que ce séisme était dû à l'existence d'une zone de subduction située dans le golfe de Cadix, à l'ouest du détroit de Gibraltar (1) : à cet endroit, la plaque océanique s'enfonce très lentement, entre 5 et 10 millimètres par an, sous la plaque eurasienne.

Cette zone de subduction n'a été identifiée que récemment car elle ne présente pas de volcanisme actif. Au sud-ouest de la péninsule Ibérique, de vastes dépôts de sables grossiers, formés par de gigantesques avalanches sous-marines consécutives à des séismes, prouvent néanmoins qu'il y a eu d'autres tremblements de terre dans cette région. A des intervalles compris entre mille et deux mille ans, la libération brutale des tensions accumulées autour de cette zone de subduction entraîne des déplacements de plaques sur des distances de l'ordre de 10 à 20 mètres. C'est ce qui s'est probablement produit en 1755.

Sur l'échelle de Mercalli, qui quantifie les effets sur les personnes, les constructions et l'environnement, le séisme de 1755 a pu atteindre, selon les estimations actuelles, une intensité de X (sur les 12 niveaux théoriques notés en chiffres romains) : dans toute la partie basse du centre de la ville, le long de la côte sur 2 500 mètres ou encore autour de certaines collines. C'est ainsi que le tremblement de terre de Lisbonne reste l'un des plus destructeurs de l'histoire.

L'effet maximum des secousses et de l'incendie s'est concentré dans les quartiers les plus peuplés, ainsi que dans le centre urbain occupé par la Cour et les activités commerciales. La population de la ville s'élève alors à environ 260 000 habitants. L'historien José Augusto Franca avance un bilan total de 10 000 morts, soit 4 % de la population : la moitié le jour du désastre et le reste au cours du mois de novembre, des suites de leurs blessures ou dans un des multiples incendies (2).

Les victimes ont été rares parmi la noblesse : la famille royale résidait alors au palais de Belem, dans les faubourgs de la ville, et le reste de la Cour à la campagne. De nombreuses vies ont également été épargnées grâce à l'heure du séisme : une heure plus tard les églises auraient été pleines, en ce jour de Toussaint, ce qui aurait encore alourdi le bilan humain.

Le bilan matériel est impressionnant. Seuls 3000 des 20000 édifices existants demeurent habitables. Sur les 40 églises principales, 35 ont été réduites à l'état de ruine, et les autres plus ou moins endommagées. Sur 65 couvents, 11 seulement sont restés debout. La maison royale perd ses plus beaux fleurons, essentiellement à cause de l'incendie : l'église patriarcale et l'Opéra, une partie de ses collections de bijoux et de tableaux, sa bibliothèque de 70 000 volumes et le trésor gardé dans les magasins des Indes.

Un auteur contemporain de la catastrophe, Ange Goudar, propose un bilan chiffré des dégâts dans Relation historique du tremblement de terre survenu à Lisbonne, précédée d'un discours politique sur les avantages que le Portugal pourrait retirer de son malheur (La Haye, 1756). Les pertes portugaises s'élèveraient à 20 000 millions de réis, soit trois à quatre fois plus que la rente publique. Ces chiffres, bien que difficiles à vérifier, d'autant plus qu'ils prennent en compte nombre de biens peu quantifiables (œuvres d'art, or, pierres précieuses...), sont plausibles.

Face à ce désastre, la gestion de l'après-catastrophe par le marquis de Pombal, principal ministre du roi Joseph Ier, s'avère exemplaire à bien des égards. On est frappé aujourd'hui par la rapidité de sa réaction car, dès les premiers jours de novembre, il parcourt la cité dans son carrosse pour donner des ordres. L'urgence pousse d'abord à se débarrasser des corps pour éviter tout risque d'épidémie. Pombal ordonne de les entasser sur des barques et de les jeter dans le Tage, après avoir obtenu l'accord des autorités ecclésiastiques.

Ensuite, il assure l'approvisionnement en eau potable, en nourriture et en combustible, n'hésitant pas à recourir au blocage des prix et aux réquisitions de vivres conservés dans les entrepôts, pour alimenter les soupes populaires mises en place. Maintenir l'ordre est une autre priorité. L'exécution, dans les premiers jours, de 34 pillards sert d'exemple. L'armée reçoit pour mission de surveiller la ville. Les déplacements des individus sont limités, en particulier ceux des ouvriers du bâtiment. Le port est fermé, les bateaux empêchés de le quitter et leur cargaison réquisitionnée.

Avec une belle célérité, Pombal prend aussi en charge la reconstruction de la ville. La famille royale et la Cour sont d'abord logées dans des tentes, avant la mise en place rapide d'une structure en bois. Au total, près de 9 000 édifices en bois sont bâtis en six mois, accueillant 25 000 réfugiés. Comme le rapporte un marchand français, Claude Darrot, « on ne trouve pas à se loger : il y a une quantité de monde sans maison, qui sont obligés de vivre en baraque » (3). Ces mesures provisoires laissent rapidement la place à un dessein plus ambitieux : édifier une cité moderne et exemplaire. Aucune construction n'est permise sans autorisation, tandis qu'une équipe d'ingénieurs s'affaire.

La partie basse et littorale de la ville est entièrement redessinée par une équipe d'ingénieurs et d'architectes. Officier de formation, Eugénio dos Santos conçoit ce qui est devenu un des fleurons du Lisbonne actuel : la place du Commerce, espace monumental ouvrant sur le front de mer. De là partent deux grandes avenues qui déterminent un plan en damier. Les rues ont une largeur imposée. Les immeubles adoptent tous le même style, un néopalladien dépouillé et harmonieux, avec ses arcades et ses frontons à l'antique. Techniquement, la réalisation est de qualité, que ce soit pour la fabrication en série des composants (les pierres de taille claires) ou pour les commodités (fontaines et approvisionnement en eau potable). Les ingénieurs imaginent même des systèmes capables de résister aux secousses : constatant qu'une structure flexible est moins vulnérable, ils inventent un cadre en bois, la gaiola, qui sert de charpente intérieure.

La nouvelle ville est un modèle de l'urbanisme des Lumières, rationnelle et idéale, aérée et propice à la circulation. Elle constitue une vitrine de l'absolutisme monarchique, à l'image de la statue équestre triomphale du roi Joseph 1er qui est élevée plus tard sur la place du Commerce. Les intérêts de l'État se mêlent parfaitement à ceux des commerçants et des financiers qui apprécient ce cœur fonctionnel. La reconstruction à marche forcée, qui visait explicitement à rassurer les intérêts commerciaux internationaux vitaux pour Lisbonne, a été, sur ce plan également, un succès.

Une telle intervention, à ce point volontariste, du pouvoir politique est en soi une nouveauté. Bien sûr, depuis la plus haute Antiquité, rois et papes n'ont jamais manqué d'apporter leur concours après une catastrophe de ce genre. Le lendemain du séisme du 14 avril 1672 à Rimini, le pape Clément X envoie un vice-légat qui prend des mesures de police, suspend les impôts, bloque les prix des matériaux de construction et du grain, avant de diriger lui-même les opérations de reconstruction. Pour la France, la plus ancienne demande d'exemption d'impôts suite à un tremblement de terre est adressée en 1481 par la ville de Clermont au roi Louis XI, quatre ans après les dommages.

Mais, en 1755, pour la première fois en Europe, un désastre naturel touche le cœur du pouvoir et ses conséquences sont prises en charge immédiatement par le gouvernement, en l'occurrence le marquis de Pombal. Une démarche qu'on exige désormais de l'État, comme le souligne l'abbé Bertholon dans les années 1770 : « C'est aux princes, c'est aux États à faire ces dépenses [pour lutter contre les catastrophes]  ; il n'en est certainement point de plus nécessaire, puisqu'il s'agit surtout de conserver la vie à des millions d'hommes. » (4)

Mieux, l'intervention de l'État ne doit pas se limiter au secours en cas de drame. Elle est désormais réclamée également pour prévenir le retour d'une catastrophe. Ce souci de prévention avait déjà animé quelques esprits forts. Dans son traité Le Tremble-terre, publié en 1616 en France, l'avocat Louis du Thoum écrivait un chapitre entier sur les remèdes naturels contre les secousses, mêlant l'expérience des habitants de la Vésubie (un affluent du Var) avec les pages de Pline l'Ancien préconisant l'usage de la voûte et le renforcement du chaînage des angles. Néanmoins, l'année 1755 inaugure un changement d'échelle : pendant des siècles, c'est à l'échelle locale qu'on avait envisagé la gestion des catastrophes. On se tourne maintenant vers l'État. Et vers les scientifiques qu'on somme d'expliquer et d'anticiper des catastrophes d'une telle ampleur.

Philippe Buache, géographe du roi de France, dresse une carte des tremblements de terre européens, accompagnée d'une légende définissant trois niveaux d'intensité. Plusieurs catalogues de séismes commencent à être rédigés, le plus connu étant celui de Gueneau de Montbeillard, qui sera publié en 1761. L'enquête savante adopte un protocole d'observation pour identifier les séismes, grâce au relevé de l'heure, de la durée et de l'orientation des secousses.

Les explications physiques des séismes ne sont pas une nouveauté. Depuis le Moyen Age, il est admis que, si Dieu est cause première, les causes secondes obéissent à des mécanismes physiques. En 1755-1756, la nouveauté réside dans la floraison de nouvelles théories électriques, minéralogistes, anti-newtoniennes... et dans la manière de s'interroger sur l'action humaine. Certains auteurs, comme la marquise de Bricqueville, vont même jusqu'à imputer la multiplication des secousses aux nouvelles machines électriques.

Cette approche ouvre la voie à des questions inédites sur la responsabilité des populations locales, comme sur la possibilité d'utiliser des mesures autoritaires pour protéger les habitants contre leur gré. Les très nombreuses publications qui suivent le désastre de Lisbonne, le concours organisé en 1756 par l'académie de Rouen sur la cause des tremblements de terre résonnent de ces interrogations. Le vainqueur, Isnard, souligne que « si la vie était plus chère au commun des hommes que le soin d'amasser des richesses, on ne volerait pas vers les mêmes écueils où l'on s'était déjà brisé : on ne rebâtirait jamais une ville sur le même rivage, où les tremblements de terre l'ont renversée » (5).

Ces débats appartiennent bien à la pensée des Lumières. Condorcet souligne que la protection contre le mal physique est un objectif à viser dans le long terme par la mobilisation des institutions académiques et l'éducation. L'inquiétude va de pair avec la tâche exaltante, mais écrasante, de devoir inventer le bonheur ici-bas.

S'impose en effet, à l'époque, l'idée qu'il revient aux hommes de lutter ­contre le mal. Dans ce contexte, une tragédie telle que le séisme de 1755 prend un sens nouveau. Certes, les explications et les terreurs anciennes n'ont pas disparu d'un seul coup. La plupart des livres et des journaux ­consacrés à la catastrophe de Lisbonne l'expliquent par la colère divine s'abattant sur les pécheurs. Le roi George II décrète un jour de jeûne et de repentance pour le 6 février 1756 en Angleterre et en Irlande en réponse au séisme de Lisbonne.

Reste que, pour la première fois, le mal apparaît comme un scandale que rien ne peut justifier, ce qui s'exprime dans de nombreux écrits. La plus forte prise de position en ce sens est le Poème sur le désastre de Lisbonne de Voltaire, dont le retentissement est considérable.

Ces vers sont une réponse cinglante à l'« optimisme ». Dans cette conception, la catastrophe est envisagée comme un détail à l'échelle de la Création, si parfaite et si complexe que l'homme ne peut la percevoir dans son ensemble ; le mal physique, souvent incompréhensible pour l'homme, serait justifié par la Providence. Ces arguments théologiques, qui avaient connu jusque-là un grand succès, ne résistent pas à la mise en scène de la souffrance des innocents, un sentiment de scandale qui transparaît notamment dans le poème de Voltaire. En 1759, Candide ridiculise un peu plus le « tout est bien dans le meilleur des mondes possibles » de Pangloss.

Voltaire ne renonce pas tout à fait à penser la catastrophe en des termes religieux - ses écrits postérieurs témoignent d'une recherche incessante pour concilier le mal avec l'existence d'une puissance divine. Toutefois, ce qui naît à l'occasion du tremblement de terre de 1755, c'est bien une vision laïcisée de la catastrophe naturelle. Le débat scientifique se développe indépendamment de toute problématique religieuse sur la Providence. Les récits privés sur les séismes se passent des références à Dieu. Les descriptions submergent les remarques générales sur la signification de la catastrophe. C'est dans la nature et dans l'action humaine qu'il faut chercher les explications et les remèdes aux catastrophes naturelles.

Ce hiatus inédit entre Dieu et la nature introduit une figure nouvelle, celle de l'« accident », qui va dominer tout le XIXe siècle (6). On considérait auparavant la catastrophe naturelle comme inscrite dans un plan divin ; l'accident, lui, est un choc, une rencontre aléatoire et injustifiable. Selon cette définition, le séisme de Lisbonne est le premier « accident » moderne. De mémoire d'homme, aucune ville européenne de la taille de Lisbonne n'avait été détruite dans le passé par un tremblement de terre ; et Lisbonne n'était pas particulièrement menacée. Rien ne pouvait laisser prévoir ce drame. Une épidémie de peste mortelle, un incendie gigantesque auraient assurément moins ébranlé les contemporains.

L'accident, fruit du hasard et non d'une « colère divine », est imprévisible. Ce qui engendre une plus grande inquiétude. Mais également une plus grande liberté. Une tension apparaît entre, d'un côté, la nécessité d'essayer de prévenir les événements funestes, de l'autre, la conscience de ne jamais pouvoir définitivement réduire la part de l'imprévisible.

Ce sont donc à la fois des doutes et une confiance nouvelle dans les capacités des hommes à anticiper et à surmonter les catastrophes naturelles qui s'expriment au lendemain du séisme de Lisbonne. « Il ne serait peut-être [pas] impossible de découvrir quelque signe de l'arrivée des tremblements de terre, mais ce n'est point dans ce siècle qu'on pourrait jouir de cette découverte », explique un participant au concours de Rouen en 1756.

« Pour cet effet il faudrait, pour plus de sûreté, que, dans chaque pays, des personnes passassent leur vie à examiner pendant tous les jours et les nuits avec une attention continuelle, sérieuse, méditée et réfléchie, les différences et jusqu'aux plus petits changements qui arrivent dans tous les éléments, et leurs différentes parties, en suivant pas à pas, pour ainsi dire, leurs différentes variations, dont ils feraient et conserveraient des notes exactes ; que ces observateurs après leur mort fussent remplacés par d'autres, qui auraient avec eux travaillé aux mêmes observations ; et ainsi successivement jusqu'à ce qu'il fut arrivé plusieurs tremblements de terre ; pour lors rapprochant ensemble toutes ces observations, l'on verrait si les circonstances qui ont précédé chaque tremblement sont les mêmes, et par là l'on pourrait découvrir quelques signes probables de l'approche des tremblements. » (7)

Avec le tremblement de terre de Lisbonne, pour la première fois depuis plusieurs siècles, la hiérarchie des menaces potentielles est recomposée ; un risque inédit est apparu : désormais, les contemporains sont persuadés de la multiplication des séismes. Lisbonne inaugure la peur nouvelle face aux aléas de la nature. Mais la solitude des hommes a un avers : la fin de leur résignation et la conscience de leur capacité à lutter contre les catastrophes.

(1) Cf. M.-A. Gutscher, « What Caused the Great Lisbon Earthquake ? », Science, 27 août 2004, pp. 1247-1248.

(2) J. A. Franca, Une ville des Lumières, la Lisbonne de Pombal, rééd. Centre culturel portugais, 1988.

(3) « Lettres des frères Darrot », Revue d'Auvergne t. 44, 1930, pp. 106-117.

(4) Bibliothèque municipale de Rouen, fonds de l'Académie, C18 : Bertholon, Sur un para-tremblement de terre et un para-volcan, 1779.

(5 Isnard, Mémoires sur les tremblements de terre, qui a remporté le prix de physique au jugement de l'académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, le 3 août 1757, Paris, 1758, p. 85.

(6) Cf. F. Ewald, L'État providence, Grasset, 1986.

(7) Bibliothèque municipale de Rouen, fonds de l'académie, C 20 : concours de 1756 sur les tremblements de terre, mémoire n° 9 fol. 2.

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