B. Lavilliers / L'or des fous

Exotisme, amour et politique pour le seizième album de Lavilliers, Arrêt sur image (un titre qui ne reprend celui d'aucune des douze chansons de l'opus), mais aussi des musiques plus intimistes, apaisées, presque sereines, qui rompent avec les tonitruances rocks ou tropicales auxquelles l'artiste sacrifiait depuis le milieu des années soixante-dix, un son nouveau qui se confirmera, non sans retours en arrière, dans la suite de son itinéraire. L'or des fous, qui, bizarrement, ne figure pas sur la compilation du même nom (cf. CLN), témoigne d'entrée de cette mutation avec une mélodie mêlant des accents de tango et un violon "d'Ukraine" pour une méditation (un arrêt sur images ?) sur des thèmes chers à l'auteur (les incertitudes du destin ; les mystères de la nuit ; le désir de partir...), une méditation qui se termine par le trait de génie d'une double métamorphose, hommage sans doute à Sophie Chevalier, la nouvelle compagne de Lavilliers : "La nuit qui vient, cette femme magique / Va t'embarquer au-delà des limites / Je n'ai pas posé de questions / A cette étrange apparition".