CHIENS DE GUERRE
Paroles | Bernard Lavilliers | |
Musique | Bernard Lavilliers et Georges Baux | |
Interprète | Bernard Lavilliers | |
Année | 1997 |
Trois couplets (des huitains) et un refrain (réduit à "Et chaque nuit, les villes brûlent, les villes brûlent"), le tout en alexandrins et sur fond de rock, où Lavilliers renoue avec les fantasmes de surhomme auxquels il cédait dans Seigneur de guerre, une chanson à laquelle il fait d'ailleurs allusion ("Quand le seigneur de guerre reconnaissant les siens / Sous les masques de fer se penche et ne dit rien"). Chiens de guerre fait aussi référence au Clan mongol ("Ceux qui tiennent leur clan en dehors de la norme") et à deux poèmes, L'après-midi d'un faune (de Mallarmé) et L'albatros (de Baudelaire), pour un propos toujours aussi ambigu, entre célébration de la sauvagerie et de la marge et mise en garde. Mais n'est-ce pas le discours qu'il tenait déjà, entre autres, dans La Zone et Fauve d'Amazone ?
LES CONQUÉRANTS
(Les Trophées ; José-Maria de Heredia ; 1893)
Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d’un rêve héroïque et brutal.
Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde Occidental.
Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L’azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d’un mirage doré ;
Ou penchés à l’avant des blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles.