B. Lavilliers / Seigneur de guerre

Issue, comme Noir et blanc, du premier séjour de Lavilliers en Afrique et publiée à l'origine comme elle sur un 45 tours en complément du 33 tours Voleur de feu avant d'être intégrée à l'album lors de ses rééditions en CD, une très longue chanson (six minutes) où le rock se mêle aux percussions du sénégalais Doudou N'diaye Rose pour exalter la figure du "Seigneur de guerre" à la "grâce fauve" et aux "longs muscles de métal" qui applique sans remords la loi du plus fort. C'est dire si Seigneur de guerre laisse sur une impression de malaise en rappelant par trop les fantasmes de surhomme véhiculés par les idéologies les plus douteuses et en donnant tout aussi ouvertement dans un machisme qui apparaît d'ordinaire  seulement en filigrane chez l'auteur de Fensch vallée : la femme est ici réduite au rang d'esclave soumise à son maître ("Il faudra que tu portes / Deux bracelets de métal"). Cet "homme de fer" s'éloigne en tout cas singulièrement des doutes et des blessures qui confèrent leur humanité aux aventuriers dont Lavilliers avait jusque-là brossé le portrait (ex.San Salvador, Voleur de feu).