B. Lavilliers / Le clan mongol

Le titre et le début du refrain empruntés à Cendrars ("Je ne suis plus de votre race, je suis du clan mongol" vient de Moravagine) et la fin du refrain ("Je suis l'autre") à Nerval pour la chanson qui permet sans doute le mieux d'approcher le processus de création chez Lavilliers : "Je n'ai pas une minute à perdre j'écris / Il est cinq heures et je précède la nuit / Mon feutre noir sur le papier va vite / Pendant que ma lucidité me quitte", au point que bientôt "Un autre est là qui prend ma place / Un autre est là et moi j'écris". Une personnalité "qui se dédouble / Et qui s'affronte" donc, l'homme et l'artiste, si prompt à se poser en aventurier sans limites, l'affrontement débouchant sur la tentation du suicide dans deux couplets en partie parlés qui passent du "je" au "tu" avec une facilité inquiétante ("J'ai atteint la date limite pour le suicide idéal / La date que j'avais inscrite à quinze ans dans mon journal / (...) / Es-tu prêt à mourir demain ? Es-tu prêt à partir si vite ? / Les yeux baissés tu ne dis rien j'ai atteint la date limite") et qui rappelle les tourments de bon nombre d'écrivains romantiques du XIXè siècle.