ATTENTION FRAGILE
Paroles | Bernard Lavilliers | |
Musique | Bernard Lavilliers | |
Interprète | Bernard Lavilliers | |
Année | 1980 |
Première des deux chansons de l'album O gringo enregistrées à Paris avec les mêmes musiciens qui accompagnaient Lavilliers sur ses deux albums précédents (cf. Soleil noir) : l'auteur part d'un "emprunt" non signalé (le deuxième de son œuvre après Fuckin' life) à un poème de Pierre Louÿs, Le passé qui survit, et aboutit à un remake de 15è round, avec la même opposition entre les couplets de la chanson (atmosphère apaisée et mots d'amour) et son refrain (rock et violence). De quoi prouver, s'il en était encore besoin, que Lavilliers qui aime tant incarner les aventuriers ("Dans ce port de fêlés juste à l'envers du monde") dissimule tendresse et fragilité derrière ses gros bras.
LE PASSÉ QUI SURVIT
(Les Chansons de Bilitis ; Pierre Louÿs ; 1894)
Je laisserai le lit comme elle l’a laissé, défait et rompu, les draps mêlés, afin que la forme de son corps reste empreinte à côté du mien.
Jusqu’à demain je n’irai pas au bain, je ne porterai pas de vêtements et je ne peignerai pas mes cheveux, de peur d’effacer les caresses.
Ce matin, je ne mangerai pas, ni ce soir, et sur mes lèvres je ne mettrai ni rouge ni poudre, afin que son baiser demeure.
Je laisserai les volets clos et je n’ouvrirai pas la porte, de peur que le souvenir resté ne s’en aille avec le vent.