LE BULLETIN DE SANTÉ
Paroles | Georges Brassens | |
Musique | Georges Brassens | |
Interprète | Georges Brassens | |
Année | 1966 |
Une chanson qui, comme les trois premières du onzième album (cf. La fessée) s'amuse avec la mort et qui est aussi, comme la plus ancienne Les trompettes de la renommée, la réponse à un stimulus, à savoir la propension de "certaines gazettes" à colporter la rumeur que "tonton Georges" (Le bulletin de santé est la seule chanson où ce modeste de Brassens se nomme expressément) souffre d'un "mal mystérieux dont on cache le nom". La réplique (en alexandrins...) est d'un spirituel (imbrication du populaire et du savant : "Qui se rit d'Esculape et le laisse baba" ; méli-mélo religieux : "Vénus parfois vous donne / De méchants coups de pied qu'un bon chrétien pardonne" ; détournements d'expressions : "Des contes à mourir debout") et d'une paillardise ("Si j'ai trahi les gros, les joufflus, les obèses, / C'est que je baise, que je baise, que je baise / Comme un bouc, un bélier, une bête, une brute, / Je suis hanté : le rut, le rut; le rut, le rut !") qui prouvent à l'envi que l'auteur jouit de toutes ses capacités intellectuelles et physiques.
L'AZUR
(Poésies ; Stéphane Mallarmé ; 1864)
De l’éternel Azur la sereine ironie
Accable, belle indolemment comme les fleurs,
Le poète impuissant qui maudit son génie
À travers un désert stérile de Douleurs.
Fuyant, les yeux fermés, je le sens qui regarde
Avec l’intensité d’un remords atterrant,
Mon âme vide. Où fuir ? Et quelle nuit hagarde
Jeter, lambeaux, jeter sur ce mépris navrant ?
Brouillards, montez ! versez vos cendres monotones
Avec de longs haillons de brume dans les cieux
Que noiera le marais livide des automnes,
Et bâtissez un grand plafond silencieux !
Et toi, sors des étangs léthéens et ramasse
En t’en venant la vase et les pâles roseaux,
Cher Ennui, pour boucher d’une main jamais lasse
Les grands trous bleus que font méchamment les oiseaux.
Encor ! que sans répit les tristes cheminées
Fument, et que de suie une errante prison
Éteigne dans l’horreur de ses noires traînées
Le soleil se mourant jaunâtre à l’horizon !
- Le Ciel est mort. - Vers toi, j’accours ! donne, ô matière,
L’oubli de l’Idéal cruel et du Péché
À ce martyr qui vient partager la litière
Où le bétail heureux des hommes est couché,
Car j’y veux, puisque enfin ma cervelle, vidée
Comme le pot de fard gisant au pied d’un mur,
N’a plus l’art d’attifer la sanglotante idée,
Lugubrement bâiller vers un trépas obscur…
En vain ! l’Azur triomphe, et je l’entends qui chante
Dans les cloches. Mon âme, il se fait voix pour plus
Nous faire peur avec sa victoire méchante,
Et du métal vivant sort en bleus angelus !
Il roule par la brume, ancien et traverse
Ta native agonie ainsi qu’un glaive sûr ;
Où fuir dans la révolte inutile et perverse ?
Je suis hanté. L’Azur ! l’Azur ! l’Azur ! l’Azur !