G. Brassens / Le grand Pan

La dernière des onze chansons du 33 tours Les copains d'abord en est la quintessence, en ce sens qu'elle fait fusionner le thème du passage aussi inexorable que douloureux du temps (Les quat'z'arts ; Le 22 septembre ; Saturne) et celui de l'opposition entre un passé idéalisé et un présent décevant (Le mouton de Panurge ; La route aux quatre chansons) qui concernent plus de la moitié des titres de l'album. Mais le propos déborde largement le cadre de ce disque : Le grand Pan constitue, avec Le moyenâgeux, une des deux chansons-sommes de Brassens. Ses trois longues parties (consacrées, de façon très didactique, respectivement au vin, à l'amour et à la mort) et sa conclusion déplorent en effet le désenchantement du monde : en rationnalisant l'univers, "la bande au professeur Nimbus" (tout un programme...) est en train de faire disparaître la poésie qui présidait jadis, via les mythologies religieuses, à la vision du monde, et cette nostalgie d'un âge d'or révolu est sans doute ce qui permet de comprendre au plus près, dans ses grandeurs comme dans ses petitesses, l'univers de Brassens.