LE VERGER DU ROI LOUIS
Paroles | Théodore de Banville | |
Musique | Georges Brassens | |
Interprète | Georges Brassens | |
Année | 1960 |
Brassens respecte au mot près (sauf pour le titre) le texte du seul poème de Banville qu'il ait mis en chanson : dans le cadre médiéval cher au chanteur (difficile de ne pas penser à Frères humains de François Villon), Le verger du roi Louis est une ballade très classique (trois huitains en octosyllabes, suivis d'un envoi), une forme qui avait déjà retenu l'attention de Brassens (Ballade des temps jadis, de Villon justement) et délivre, dans son réalisme macabre et horrifique, une condamnation de la peine de mort.
BALLADE DES PENDUS
(Gringoire ; Théodore de Banville ; 1866)
I
Sur ses larges bras étendus,
La forêt où s’éveille Flore,
A des chapelets de pendus
Que le matin caresse et dore.
Ce bois sombre, où le chêne arbore
Des grappes de fruits inouïs
Même chez le Turc et le More,
C’est le verger du roi Louis.
II
Tous ces pauvres gens morfondus,
Roulant des pensers qu’on ignore,
Dans les tourbillons éperdus
Voltigent, palpitants encore.
Le soleil levant les dévore.
Regardez-les, cieux éblouis,
Danser dans les feux de l’aurore,
C’est le verger du roi Louis.
III
Ces pendus, du diable entendus,
Appellent des pendus encore.
Tandis qu’aux cieux, d’azur tendus,
Où semble luire un météore,
La rosée en l’air s’évapore,
Un essaim d’oiseaux réjouis
Par-dessus leur tête picore.
C’est le verger du roi Louis.
Envoi
Prince, il est un bois que décore
Un tas de pendus enfouis
Dans le doux feuillage sonore,
C’est le verger du roi Louis.