PAUVRE MARTIN
Paroles | Georges Brassens | |
Musique | Georges Brassens | |
Interprète | Georges Brassens | |
Année | 1953 |
Ecrite en 1943 ou 1944 à Basdorf, en Allemagne, où Brassens se trouvait affecté dans le cadre du STO, Martin s'en va trimer aux champs fut retravaillée dans le sens d'un plus grand dépouillement pour aboutir à une des plus courtes chansons de l'auteur (un peu plus d'une minute trente). Pauvre Martin est, comme Le petit cheval ou Le fossoyeur, un hommage à tous ces anonymes qui ont survécu en travaillant sans relâche et sans laisser la moindre trace dans l'Histoire, des anonymes incarnés ici par le paysan misérable qui, dans un Moyen Age toujours recommencé, retourne "le champ des autres" sans même songer à se plaindre et qui creuse "lui-même sa tombe / En faisant vite, en se cachant" lorsque la mort lui "fait signe de labourer son dernier champ". Pauvre Martin pourrait être une apologie de la résignation, mais la tendresse et l'humanité de Brassens en font au contraire une condamnation de toutes les injustices sociales, et l'instant de silence qui sépare le dernier couplet de la dernière reprise du refrain est un des moments les plus bouleversants de son œuvre.
MARTIN S'EN VA TRIMER AUX CHAMPS
(paroles et musique de Georges Brassens ; 1943 ou 1944)
Avec une pioche à l'épaule,
Avec à la lèvre un doux chant,
Martin s'en va plein de courage,
Martin s'en va trimer aux champs.
Avec une pioche à l'épaule,
Avec à la lèvre un doux chant,
Martin s'en va plein de courage,
Martin s'en va trimer aux champs.
Pour gagner la vie de sa belle,
De l'aurore jusqu'au couchant,
Martin s'en va plein de courage,
Martin s'en va trimer aux champs.
Pour gagner la vie de sa belle,
De l'aurore jusqu'au couchant,
Il piochera la dure terre
Sous le lourd soleil desséchant.
Pour gagner la vie de sa belle,
De l'aurore jusqu'au couchant,
Il piochera la dure terre
Sous le lourd soleil desséchant.
Sans que l'on voit sur son visage
Ni l'air jaloux ni l'air méchant,
Il piochera la dure terre
Sous le lourd soleil desséchant.
Sans que l'on voit sur son visage
Ni l'air jaloux ni l'air méchant,
Il vivra sous le joug d'un maître
Toujours piochant, piochant, piochant.
Sans que l'on voit sur son visage
Ni l'air jaloux ni l'air méchant,
Il vivra sous le joug d'un maître
Toujours piochant, piochant, piochant.
Son destin sans honneur ni gloire
N'en sera qu'un peu plus touchant.
Il vivra sous le joug d'un maître
Toujours piochant, piochant, piochant.
Son destin sans honneur ni gloire
N'en sera qu'un peu plus touchant.
Et pour la cruelle mort même
Il sera doux et indulgent.
Son destin sans honneur ni gloire
N'en sera qu'un peu plus touchant.
Et pour la cruelle mort même
Il sera doux et indulgent,
Lui pardonnant comme à la vie
Tout ce qu'elle a d'intransigeant.
Et pour la cruelle mort même
Il sera doux et indulgent,
Lui pardonnant comme à la vie
Tout ce qu'elle a d'intransigeant.
Il fera lui-même sa tombe,
Jusqu'au dernier jour obligeant.
Lui pardonnant comme à la vie
Tout ce qu'elle a d'intransigeant,
Il fera lui-même sa tombe,
Jusqu'au dernier jour obligeant.
Et s'y couchera sans rien dire
Pour ne pas déranger les gens.
Il fera lui-même sa tombe,
Jusqu'au dernier jour obligeant.
Avec une pioche à l'épaule,
Avec à la lèvre un doux chant,
Martin s'en va plein de courage,
Martin s'en va trimer aux champs.
Avec une pioche à l'épaule,
Avec à la lèvre un doux chant.