LE MAUVAIS SUJET REPENTI

Paroles Georges Brassens
Musique Georges Brassens
Interprète Georges Brassens
Année 1952

Le mauvais sujet repenti (avec cet adjectif déjà présent dans La mauvaise réputation et qui reviendra encore dans La mauvaise herbe) est, parmi les chansons que Brassens a enregistrées et publiées (en face B du Gorille sur le premier 78 tours Polydor en juin 1952 en l'occurrence), celle dont les origines sont les plus anciennes : elle remonte en effet à Souvenirs d'une parvenue, terminée le 29 janvier 1943 et déposée à la SACEM le 4 mars de la même année. Brassens en remaniera largement le texte par la suite, notamment sous l'effet de ses mésaventures avec "la petite Jo" (cf. Une jolie fleur), mais l'essentiel est là dès le départ : une charge contre les bien-pensants reposant sur l'inversion des valeurs de la morale traditionnelle ("Comme je n'étais qu'un salaud / J'me fis honnête" dans la version finale). Le mauvais sujet repenti est également la première des nombreuses chansons sans refrain de l'auteur.

SOUVENIRS DE PARVENUE
(paroles et musique de Georges Brassens ; 1943)

Régulièrement sur mon trottoir,
Dans mon avenue,
Je faisais la retape sans faire d'histoires,
Quand t'étais venue
Piocher sur le bout de terrain privé
Que j'avais de ma mère.
Et, fatalement, j'avais trouvé
La chose amère.

J'allais te foutre mon pied au cul
Comme ça se pratique,
Quand t'abordas un pauvre cocu
Apoplectique.
A ta façon d'y dire : « Mon rat
Est-ce que je te tente ? »
J'ai compris que j'avais à faire à
Une débutante.

T'avais le don, c'est vrai, j'en conviens.
T'avais le génie.
Mais sans technique, un don c'est rien
Qu'une sale manie.
Y en a qui croient qu'on se fait putain
Comme on se fait nonne.
Ces croyants-là, c'est des crétins,
Dieu leur pardonne.

Je décidai sans plus d'façon
D'être ta marraine,
De faire de toi en quatre leçons
Une vraie, une reine.
Mais il fallut qu'en plein devoir
Je m'interrompisse
Car il s'est mis à pleuvoir
Comme vache qui pisse.

Je nous revois encore à poil
Au bar du Comte,
Nous réchauffant le cul devant un poële
Tout rouge de honte.
On tenait des propos malsains,
Ah ! que c'était drôle !
Et puis l'on se tripotait les seins
A tour de rôle.

Le lendemain soir, t'entras en grand
Dans mon estime
En te faisant huit cent quinze francs
Et trente centimes.
Et comme j'avais déjà le béguin
Pour ta petite gueule,
Je ne voulus pas te laisser ton gain
Pour toi toute seule.

Je devins alors comme qui dirait
Ta mère maquerelle ;
Tu devins mon bien, mon intérêt,
Ma petite sauterelle.
On s'aida mutuellement
Comme dit le poète.
Tu fus le corps, naturellement,
Et moi la tête.

Quand tu ne rapportais pas de pognon,
Les jours de paresse,
C'est moi-même qui te flanquais des gnons
Avec tendresse.
Te souviendrait-il encore du
Bidet d’hygiène
Avec lequel j’avais fendu
Ta boîte crânienne ?

Si tu m'avais été fidèle,
Ma pauvre amie,
Tu n'essuierais pas du bordel
Les infamies.
Paraît que t'es la môme d'un bourrin,
Quelle indécence !
Tu mériterais qu'on te casse les reins
Sans réticence...

Mais je te pardonne, car c'est au fond
A ta plastique
Que je dois ce que j'ai : mes terres, mes fonds,
Mes domestiques.
Il m'est plaisant de me figurer
Que chaque pierre
Représente chaque coup que t'as tiré
Ta jarretière.

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